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Avignon / 2013 - Entretien Antoine Marneur
Le comédien et metteur en scène Antoine Marneur conjugue son talent à celui de Bruno de Saint-Riquier, pour créer Quand la nuit tombe. Diptyque unissant deux pièces courtes de Daniel Keene, le spectacle prend la forme d’un sublime poème dramatique explorant les confins de l’humain.
Pourquoi avoir choisi ces deux courtes pièces de Daniel Keene ?
Antoine Marneur : L’idée de partager un moment de fraternité émotionnelle et intellectuelle me guide quand je choisis de monter une pièce. Daniel Keene, cet immense poète contemporain qui dit vouloir que ses personnages « hissent leur âme à la surface de leur peau », est un orfèvre dans cette veine-là. Il nous renvoie à notre propre humanité. Sans fard. Dans une langue forte et ciselée, il explore ce besoin que l’on a de l’autre pour rester debout. Alors, quand la nuit tombe, Syd et Moe, ces deux marginaux à l’image de tous leurs compagnons d’infortune, parlent pour ne plus être de nulle part, pour pouvoir exister sans nulle autre raison, justification, compétence ou légitimité que celle, tout simplement, d’être.
En quoi la collaboration avec Bruno de Saint-Riquier vous a-t-elle semblé nécessaire ?
A.M : Etant également interprète dans la seconde des pièces du diptyque, un regard extérieur m’a semblé nécessaire pour que je puisse un peu me détacher de la mise en scène et me concentrer sur le jeu du personnage que j’interprète. Nous travaillons régulièrement ensemble. Nous partageons la même vision de l’œuvre de Keene : pas de misérabilisme, pas de naturalisme superflu, éviter l’écueil de la démonstration réaliste, en optant notamment pour un décor métaphorique. Et profiter de cette opportunité rare offerte par le texte, qui, comme une partition musicale, permet au jeu de prendre totalement appui sur lui.
Comment le choix de Mouss Zouheyri, qui partage le plateau avec vous, s’est-il imposé ?
A.M : Quand je l’ai vu jouer pour la première fois, c’était au festival de Grignan, il tenait le rôle de Figaro dans Le Mariage de Figaro monté par Philippe Berling. Sa vérité émotionnelle m’a touché. Je suis allé le lui dire. Nous avons été immédiatement sur la même longueur d’onde. Et nous nous sommes découverts une passion commune pour les pièces de Daniel Keene. Travailler ensemble est allé de soi.
Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Galfré
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