Un mystère naïf

« Plutôt que sur la mort considérée comme aboutissement, j’ai voulu travailler sur un parcours, une continuité, un chemin, entre les deux majuscules du titre, de A à B. Il s’agit des quatorze dernières étapes de la vie d’un homme. L’un des personnages, l’infirmière, explique que la vie est une « chasse au trésor » : on sait qu’on a un but, mais on ne sait pas ce qu’il sera. On assiste donc aux derniers moments d’un vieil homme, entouré des siens, dans le tourbillon et le compte à rebours des scènes de la vie quotidienne. A travers le spectacle de ce corps progressivement diminué, la mort est évidemment évoquée, mais ce spectacle parle surtout de la joie et de la luminosité que chacun amène au mourant, et de la capacité de chacun à faire face à une situation tragique, cruelle. Chacun distille un espoir, une croyance, une utopie.

Ode à la vie

J’ai confronté les genres en utilisant le tragique, le comique, des moments oniriques, et cherché à utiliser tout le patrimoine théâtral, comme dans un mystère laïc et naïf, dont le sacré serait ancré dans le populaire, le terrien et la farce, en partant de la condamnation pour aller vers l’élévation, en évitant le pathos. La scénographie installe un univers pictural à l’esthétique caravagesque, comme un retable. Tous les comédiens sont jeunes, aucun n’a l’âge de son rôle, en particulier le vieil homme, interprété par un jeune danseur au corps divinement sculpté. Cela permet à la fois la distance et l’identification, et permet d’élargir le propos : je ne travaille pas sur une maladie ou sur la mort, mais sur la vie, qui est commune à tous. »

Propos recueillis par Catherine Robert