Ma Cuisine
Sylvain Maurice concocte une œuvre [...]
S’inspirant d’A la recherche du temps perdu, Jean Bellorini crée Un Instant au Centre dramatique national de Saint-Denis. Entre résurgences de souvenirs et introspections existentielles, le metteur en scène nous convie à un rêve de théâtre.
A la question « qu’est-ce que le théâtre ? », le metteur en scène Jean Bellorini répond qu’il s’agit pour lui de « ce qui apparaît de manière invisible dans une certitude commune, partagée entre les acteurs et les spectateurs ». Ce territoire à la fois intime et collectif, impalpable et, à bien des égards, énigmatique, est composé de multiples imaginaires. L’imaginaire des interprètes, bien sûr, des auteurs et des metteurs en scène, mais également celui des spectateurs qui peuvent eux aussi inventer à partir de ce qui leur est adressé depuis le plateau. C’est cette expérience sur le mystère que constitue l’entrelacement du particulier et de l’universel que nous propose de vivre le très beau spectacle actuellement présenté par le directeur du Centre dramatique national de Saint-Denis dans son théâtre. Un spectacle tout en sensibilité et en glissements poétiques, qui puise dans l’univers littéraire de Marcel Proust, mais aussi dans l’existence de la comédienne Hélène Patarot, pour arpenter les sentiers de la mémoire, de l’enfance, des rêves, du deuil et des rémanences émotionnelles…
De Combray au Vietnam
Plongée au sein d’un espace-temps déployant nébulosités et évanescences, Un Instant joue de silences, de lenteurs, dévoile un entrelacs de paysages mentaux nous menant du Combray de Marcel Proust au Vietnam d’Hélène Patarot. La présence pleinement concrète, étrangement magnétique de la comédienne pourrait résumer à elle seule le charme envoûtant qui plane sur cette création. Face à elle, Camille de La Guillonnière trouve lui aussi la voie d’une évidence mâtinée de délicatesse. Au sein d’une scénographie monumentale de Jean Bellorini, les deux interprètes (accompagnés du musicien Jérémy Peret) n’usent d’aucune hyperbole, se tiennent à distance de toute forme de volontarisme ou d’artifice. Ils nous font face, sobrement, disparaissent puis reviennent devant nous, de plain-pied avec la profondeur des cheminements théâtraux dont ils tracent les contours. Ces cheminements sont parfois l’occasion de rendez-vous avec soi-même. Faisant la synthèse, pour reprendre les mots de Proust, « de la survivance et du néant », ils laissent par instants resurgir des éclats de notre propre passé, nos propres souvenirs, viennent alors éclairer de manière troublante notre propre intériorité.
Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30. Relâche les mardis. Durée de la représentation : 1h35. Tél. : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com
Egalement les 14 et 15 décembre 2018 aux Théâtres de la Ville de Luxembourg, du 8 au 27 janvier 2019, au Théâtre Kléber-Méleau à Renens, les 16 et 17 février au Théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France, du 13 au 16 mars à La Criée - Théâtre national de Marseille, les 20 et 21 mars au Théâtre de l’Archipel à Perpignan, les 26 et 27 mars au Théâtre de Caen, les 4 et 5 avril à Hérault Culture à Béziers.
Sylvain Maurice concocte une œuvre [...]