Trompe-la-mort

Du Père Goriot à Splendeurs et misères des courtisanes en passant par Illusions perdues, traverse cette figure de l’ancien bagnard décrite par Balzac sous les pseudonymes de Jacques Collin, Trompe-la-mort, Carlos Herrera ou encore Vautrin. Un des personnages les plus mystérieux et fascinants de la littérature, qui manipule Lucien de Rubempré et, au-delà, subvertit toutes les strates sociales et économiques de la société. Nul étonnement si ce personnage hors normes a inspiré le compositeur Luca Francesconi, ancien élève de Bério, mais qui fuit les écoles et les étiquettes. Trompe-la-mort est son nouvel opéra, après Quartett créé en 2011 à la Scala de Milan – encore une partition portée par un grand texte : celui de Heiner Müller. Ce goût pour la littérature, le musicien l’affirme jusque dans l’écriture du livret de Trompe-la-mort. Un opéra qu’il a imaginé sur trois niveaux, correspondant aux trois strates de la société : la façade et son côté brillant, la machination ou l’univers de celui qui tire les fils, et enfin le « 3^e sous-sol du monde » : le théâtre. Pour donner corps à sa palette sonore, riche et expressive, il faudra compter sur la chef Susanna Mälkki, qui a déjà dirigé Quartett, tandis que Guy Cassiers, réputé pour ses images puissantes, mettra en scène cette commande de l’Opéra de Paris. Sans oublier la distribution de haut vol emmenée par Julie Fuchs, Béatrice Uria-Monzon et Laurent Naouri.

I. Stibbe