Gidon Kremer et Arvo Pärt

Depuis la création de Tabula rasa (pour deux violons, piano préparé et orchestre à cordes) du compositeur Arvo Pärt par Gidon Kremer en 1977, les deux musiciens sont restés unis par une complicité artistique rare. Le violoniste devint le témoin et l’acteur de la révolution opérée par le compositeur au moment de sa mutation esthétique radicale de la musique sérielle vers la musique répétitive et minimaliste. Il s’imposa comme l’interprète majeur de Pärt et son principal ambassadeur au-delà des frontières du bloc soviétique. Le disque Tabula Rasa paru chez ECM en 1984, qui fit sensation et divisa profondément le monde musical, conforta le phénomène. Quarante ans après sa création, Gidon Kremer reprend lors de cette soirée exceptionnelle Tabula rasa mais aussi Fratres (pièce également célèbre, grave et limpide à la fois, créée en 1977 dans sa version initiale, puis par Kremer à Salzbourg en 1980 dans une version pour violon et piano). Des retrouvailles marquantes. A la tête de son Orchestre de la Kremerata Baltica, Gidon Kremer interprète deux autres œuvres de l’Estonien : Passacaglia pour violon, cordes et vibraphone et, en première française, Greater Antiphons pour orchestre à cordes, qui fut dirigée en création mondiale par Gustavo Dudamel à la tête du Los Angeles Philharmonic en mai dernier. Egalement au programme : la Fantaisie en do majeur de Schubert dans une version pour violon et cordes de la plume de Victor Kissine.

J. Lukas