La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Didier Ruiz

TRANS (més enllà)

TRANS (més enllà) - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Mistral.
Didier Ruiz © Raul Martinez

Gymnase du lycée Mistral / mes Didier Ruiz

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Didier Ruiz excelle depuis vingt ans dans l’art de faire monter sur scène ceux qu’il appelle des « innocents ». Dans TRANS (més enllà), six personnes transgenres viennent partager théâtralement leur expérience.

Après des détenus de longue peine, des jeunes, des personnes âgées, pourquoi avez-vous eu envie de donner la parole à des personnes transgenres ?

Didier Ruiz : J’ai vu un documentaire italien sur une femme qui avait changé de sexe. Il m’avait bouleversé et sidéré : elle racontait que rien n’avait changé dans sa vie, dans ses relations avec les autres, ses amis, sa famille. Puis, une militante, mère d’un enfant trans, est venue me parler à la fin d’un spectacle. Son récit m’a donné envie de faire partager cette expérience et, plus largement, la vie des personnes transgenres qu’on cantonne trop souvent à des clichés sur le monde de la nuit et de la prostitution.

Comment travaillez-vous avec les « innocents », ces personnes que vous faites monter sur scène ?

D.R. : En répétition, je les fais parler et nous essayons de cerner ce qui va constituer le cœur de leur récit. Mais sur scène, ils sont libres, même si nous travaillons en amont avec un chorégraphe. Ainsi, à chaque représentation, des détails apparaissent et disparaissent. On entendra et on verra aussi des témoignages de proches.

« Ce qui apparaît aussi à travers tous ces récits, c’est la manière dont les questions de genre nous enferment. »

Pourquoi refusez-vous le titre de théâtre documentaire pour votre travail ?

D.R. : Stéphane Mercurio, qui a tourné un film sur mon expérience avec des détenus de longue durée, et filme également l’aventure de TRANS, refuse le titre de cinéaste documentariste. Elle dit : « je fais du cinéma ». De la même manière, je fais du théâtre avant tout, à ma manière. Je ne suis pas contre l’adjectif documentaire, mais je préfère la qualification d’un théâtre de l’humanité. Depuis vingt ans que je m’entoure d’une immense collection de portraits, de voix, de visages, j’ai l’impression avant tout de me rapprocher de ce que c’est qu’être un Homme.

Qu’avez-vous appris avec les expériences de ces personnes transgenres ?

D.R. : Le plus étonnant dans cette expérience de transition sexuelle, c’est que la personne ne change pas. Il y aura sur scène six personnes qui ont une vie normale : un chauffeur de bus, un commercial, une coiffeuse, une dessinatrice… Certains sont en couples, ont des enfants. La plus âgée a 60 ans et a commencé sa transition au mois de novembre. Ce qui apparaît aussi à travers tous ces récits, c’est la manière dont les questions de genre nous enferment.

 

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

TRANS (més enllà)
du dimanche 8 juillet 2018 au lundi 16 juillet 2018
Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Mistral.
20 Bd Raspail, Avignon

à 22h, relâche le 12. Tel. : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30. Spectacle en espagnol surtitré.

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