Buster d’après le film La Croisière du Navigator de Donald Crisp et Buster Keaton adapté, mis en scène et monté par Mathieu Bauer
Un ciné-concert amoureusement concocté par [...]
The Normal Heart retrace les premiers combats de la communauté homosexuelle face au virus du SIDA. Un spectacle d’intérêt historique.
Ce sont les premiers pas du SIDA, quand le virus n’a pas encore de nom et qu’il se répand silencieusement dans la communauté homosexuelle de New-York. On est aux débuts des années 80, un temps où l’on tape encore à la machine et où ce qui est devenu le militantisme LGBTQ+ n’en est qu’à ses balbutiements. Un temps qui peut paraître lointain et pourtant si proche où les crises sanitaires croisent déjà des enjeux politiques, un temps où Larry Kramer voit ses amis mourir dans la plus grande indifférence. Il décide alors de s’engager dans une lutte de tous les instants pour que cette pandémie soit réellement prise en compte par les autorités et que s’engagent des moyens à la hauteur de la tragédie qui se trame. The Normal Heart est adapté d’une pièce largement autobiographique dans laquelle le futur fondateur d’Act Up, mort l’an dernier, retrace son âpre combat contre l’homophobie de la société américaine mais aussi contre une certaine pusillanimité de la communauté homosexuelle. Il s’y accorde plutôt le beau rôle. Est-ce la vérité des faits ? Peu importe. Le retour sur ces tout premiers temps de lutte contre le SIDA met en lumière l’état d’une société, ses lignes de tension, qui suffisent à lui donner un puissant intérêt documentaire. Écrite dès 1985, la pièce qui a connu un beau succès aux Etats-Unis traverse l’Atlantique pour la première fois aujourd’hui.
La très belle performance de Dimitri Storoge
Virginie de Clausade, comédienne, autrice et ancienne animatrice dans l’audiovisuel, adapte et met en scène cette pièce. Décor unique, économie d’effets, The Normal Heart souffre d’une certaine monotonie dans son registre de théâtre réaliste et d’une direction d’acteurs parfois discutable. La distribution est inégale mais la très belle performance de Dimitri Storoge, dans le rôle de Ned Weeks, double de Larry Kramer, porte le spectacle. Son personnage de caractériel intransigeant à qui l’on reproche de sonner l’alerte trop tôt et de mener des actions coup de poing plutôt que de chercher le compromis est contrebalancé par une touchante fragilité et une vraie profondeur de réflexion. Sa lutte questionne l’image de l’homosexualité, celle que les homos veulent en donner autant que celle que la société en a, ainsi que les ressorts du militantisme – l’insatiable colère comme carburant essentiel – et les moyens qu’il faut y engager. Projeté à l’aube d’une pandémie qui va profondément transformer le combat des homosexuels, le spectateur réalise quel a été le chemin parcouru en une trentaine d’années. Il pourrait même se prendre à rêver : et si une crise sanitaire pouvait être l’occasion d’améliorer l’ordre des choses…
Eric Demey
Le dimanche à 15h30. Relâche le lundi et le 21 septembre. Tel : 01 44 95 98 00. Durée : 1h45.
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