La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

The Bee ou l’enchaînement de la violence

The Bee ou l’enchaînement de la violence - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre national de Chaillot
The Bee par Hideki Noda. © Maxim Reider

Théâtre National de Chaillot / de Hideki Noda et Colin Teevan, d’après Yasutaka Tsutsui / mes Hideki Noda

Publié le 9 mai 2014 - N° 220

Hideki Noda, directeur artistique du Tokyo Metropolitan Theatre (TMT), est un des artistes les plus talentueux et les plus originaux de la scène japonaise contemporaine. THE BEE, qui a connu un succès international éclatant, est présenté pour la première fois en France. Hideki Noda y explore le thème de l’enchaînement de la violence sur fond des attentats new-yorkais du 11 septembre.

Votre pièce est inspirée par les événements du 11 septembre 2001. Pourquoi avoir choisi ce moment historique précis ?

Hideki Noda : Au moment des événements du 11 septembre, j’ai pensé à une nouvelle japonaise que j’avais lue. C’est cette nouvelle qui est la base de THE BEE. Mais je n’ai pas pensé tout de suite que j’allais en faire une pièce de théâtre. Lors d’un workshop avec mes comédiens, a surgi ce thème de l’enchaînement de la violence, qui est au cœur de la pièce.

Votre spectacle a été créé en 2006. Plus de dix ans après le 11 septembre, pensez-vous que la manière de considérer cet événement a changé ?

H. N. : Non, ça n’a pas changé. Mais les choses s’estompent de plus en plus, et on est en train de le catégoriser comme un événement historique. Lors de la création de THE BEE, en 2006, beaucoup de spectateurs étaient sensibles au thème de l’enchaînement de la violence ; alors que lorsque nous avons joué la pièce à New York, l’an dernier, il n’y a pas eu beaucoup de commentaires sur ce thème.

Vous dites que les humains sont toujours plus complaisants avec eux-mêmes qu’avec les autres. Pourquoi ?

H. N. : Nous autres, êtres humains, sommes gentils et tolérants avec nous-mêmes et avec nos proches. Mais nous ne sommes pas toujours aimables avec ceux qui sont plus éloignés de nous. Par exemple, quand il y a un attentat, nos réactions et le degré de notre intérêt diffèrent selon que l’événement nous concerne ou pas : certaines des victimes sont-elles de la même origine que nous ? Combien y a-t-il eu de victimes ? Et quand nous connaissions une des victimes, notre intérêt peut se transformer en haine.

Comment espérez-vous que les gens réagissent après avoir vu THE BEE ?

H. N. : Il faut voir et goûter notre spectacle. Le théâtre n’est pas là pour penser à la réaction du public. C’est souvent dans les réactions du public que l’on ne pouvait pas imaginer qu’on trouve de nouvelles significations et l’intérêt de continuer à jouer. J’espère trouver à Paris des réactions de spectateurs qui me surprennent, et auxquelles je n’avais pas pensé.

Propos recueillis par Catherine Robert avec l’aide de Hato Hino, et traduits par Minami Kosugo.

A propos de l'événement

THE BEE
du mardi 13 mai 2014 au samedi 17 mai 2014
Théâtre national de Chaillot
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris, France

Du 13 au 17 mai 2014 à 19h, samedi à 15h30. Tél : 01 53 65 30 00. theatre-chaillot.fr

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