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Danse - Gros Plan

TeZuka : De l’encre sur le papier à la danse sur la scène

<i>TeZuka</i> : De l’encre sur le papier à la danse sur la scène - Critique sortie Danse
© Hugo Glendinning Sidi Larbi Cherkaoui dessine son hommage personnel à Osamu Tezuka.

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

En un rituel profondément sensible, Sidi Larbi Cherkaoui rend hommage au père et maître du manga Osamu Tezuka, avec neuf danseurs, trois musiciens, deux experts en arts martiaux et un calligraphe.

« Je suis un enfant de Tezuka » confie Sidi Larbi Cherkaoui. Un enfant profondément admiratif devant l’œuvre abondante et mondialement connue, et devant l’homme, médecin de formation, humaniste généreux qui appelle avec constance au respect de la nature et de toute forme de vie. Si son nom ne vous est pas familier, celui de ses héros l’est à coup sûr ! Osamu Tezuka (1928-1989), figure tutélaire du manga, auteur de  bandes dessinées et de films et séries d’animation, a en effet créé Astro Boy, Buddha, Le Roi Léo, Princesse Saphir… Et son style net, vivement rythmé, puissamment expressif et imaginatif a permis au genre de connaître une popularité phénoménale. « La seule chose que je veux est de lui rendre hommage dans mon spectacle comme dans un rituel. Je peux introduire les gens à son monde et leur montrer comment il est connecté au mien. »  Le langage écrit et visuel du maître trouve ainsi un écho dans le mouvement, les gestes, dans la façon d’investir l’espace, par la musique – Nitin Sawhney -, la vidéo – Taiki Ueda – et la lumière – Willy Cessa -, par un agencement de corps, d’élans, de signes, de traces qui cultivent la mémoire et les émotions.

Relation à la page blanche

Le fait que les caractères de l’écriture, au Japon comme en Chine, soit des Kanji, des symboles, contribue à conférer au dessin toute sa noblesse artistique, son caractère fortement évocateur. « Je me suis penché sur les relations entre l’encre et le papier et comment de rien on arrive à quelque chose. » explique le chorégraphe. Ainsi la relation au plateau nu comme celle à la page blanche résonnent entre elles, la scène vainc le vide et met à jour des tableaux  tangibles, éphémères et uniques. Neuf danseurs, trois musiciens, deux experts en arts martiaux – Huang Jia Hao, Li Bo – et un calligraphe – Tosui Suzuki, qui connaît toute l’histoire de kanjis  – conjuguent leurs talents. « Le calligraphe et le danseur ont ça en commun, ils ne peuvent pas corriger ce qu’ils font sur le moment. » Par cet hommage vibrant, Sidi Larbi Cherkaoui poursuit son œuvre véritablement spirituelle qui cultive les croisements, les échanges et les dialogues, qui transcende les genres et les frontières, en une sorte d’alchimie profondément vivante, une quête profondément respectueuse de notre statut d’humain et curieuse des richesses de l’ailleurs.

Agnès Santi


TeZuka inspiré par Osamu Tezuka, chorégraphie Sidi larbi Cherkaoui, première française du 9 au19 mai 2012,
mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, jeudi à 19h30. Pas de représentation le jeudi 17 mai. Grande Halle de la Villette, 75019 Paris. Durée du spectacle : 2h05 avec entracte.

A propos de l'événement


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