La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Spleenorama

Spleenorama - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Bastille
Spleenorama, de Marc Lainé. Crédit visuel : Jean-Louis Fernandez

Théâtre de la Bastille / chansons Bertrand Belin / texte et mes Marc Lainé

Publié le 25 septembre 2014 - N° 224

Sous la direction de Marc Lainé, Bertrand Belin, Matthieu Cruciani, Guillaume Durieux et Odja Llorca donnent corps à une réflexion sur la vocation artistique et la perte des illusions. Une proposition en mode mineur qui parvient à imposer son charme et sa justesse.

Deux ans après Memories from the Missing Room, l’auteur et metteur en scène Marc Lainé revient au Théâtre de la Bastille avec une nouvelle proposition mêlant théâtre et « musique live ». Cette fois-ci, ce n’est pas le groupe Moriarty qui signe les partitions de cette création hybride, mais l’auteur-compositeur-interprète Bertrand Belin. Participant pleinement au monde désenchanté qui s’ouvre à nous dans Spleenorama, le musicien s’illustre bien sûr à la guitare et au micro – à l’occasion de chansons qui se fondent dans l’histoire en dehors de tout désir d’illustration – mais également en incarnant l’un des quatre protagonistes de cette fable. Une fable sur la musique et l’amitié qui croise les thèmes de l’élan artistique, de la perte des illusions, de l’amour, de l’échec, de la trahison, de la drogue, de la nostalgie… A lire l’argument de la pièce de Marc Lainé (les retrouvailles d’un groupe de musiciens, à la suite du décès de l’un d’entre eux, 15 ans après leur séparation), on pourrait craindre l’ennui et le déjà-vu. Mais il n’en est rien. Spleenorama avance certes en terrain balisé, mais avec habileté. Et en évitant les effets de bavardage.

Entre théâtre et concert

Car c’est en creux que l’auteur et metteur en scène compose les différents tableaux de cette mosaïque théâtrale : en suggérant plutôt qu’en démontrant, en évitant le piège des morceaux de bravoure. Par éclats, par petits épisodes, l’histoire d’Isabelle (Odja Llorca), de Yannick (Guillaume Durieux), de Lucas (Matthieu Cruciani) et de Laurent (Bertrand Belin) se déploie ainsi, en toute sobriété. Elle nous mène sur les chemins des jours présents et des jours passés. Il faut quelques scènes avant de vraiment s’attacher à ces personnages traversés par des envies et des besoins contradictoires. Les animosités refont surface. Ainsi que les remords, les rancœurs, les souvenirs d’une époque où tous les espoirs étaient encore permis. Et peu à peu, de moments chantés en moments joués, le charme de Spleenorama se met à opérer. Le charme, en premier lieu, de Bertrand Belin qui, outre ses talents de chanteur et de musicien, révèle ici une belle nature de comédien. Son charisme et sa personnalité apportent beaucoup à la représentation. Le charme, également, de Guillaume Durieux, Matthieu Cruciani et Odja Llorca, tous trois remarquables. Le charme, enfin, d’une fable en mode mineur qui – sans s’annoncer, comme l’air de rien – laisse entrevoir des panoramas assez touchants sur l’idéal artistique et le temps qui passe.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Spleenorama
du mercredi 10 septembre 2014 au samedi 8 novembre 2014
Théâtre de la Bastille
76 Rue de la Roquette, 75011 Paris, France

Du 10 septembre au 4 octobre 2014. Du lundi au samedi à 20h, relâche les dimanches. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 43 57 42 14. www.theatre-bastille.com. Egalement du 4 au 8 novembre 2014 au Centre dramatique national de Haute-Normandie.

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