SIMON RATTLE
A l’occasion de deux concerts à la Salle [...]
Stravinsky, Varèse et Boulez : le centenaire Théâtre des Champs-Élysées accueille la modernité musicale du xxe siècle.
Après le scandale du Sacre du printemps qui marqua la naissance du Théâtre des Champs-Élysées, celui que provoqua la création de Déserts d’Edgar Varèse en 1954 fut lui aussi retentissant. En cause : l’irruption de l’électronique dans le discours orchestral. Presque soixante ans plus tard, l’œuvre de Varèse nous apparaît comme une porte soudain ouverte sur l’avenir : par l’usage de l’électronique, certes, mais aussi par la révolution de la forme, où, comme l’écrivait Lucien Rebatet, « à force de rythmes raccourcis, brisés, la musique apparaît étale ».
Une nouvelle ère de recherches
Le compositeur Matthias Pintscher (né en 1971), qui sera dès septembre le nouveau directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain, rend donc ici hommage à la modernité musicale du xxe siècle et célèbre l’héritage de ses nouveaux musiciens. L’année même de la création de Déserts, Pierre Boulez fondait le « Domaine musical ». L’année suivante, il y présentait Le Marteau sans maître, une œuvre qui marqua immédiatement et durablement la création musicale par sa forme (neuf pièces reliées comme par une structure souterraine), ses sonorités (avec une instrumentation différente pour chaque pièce) et le nouveau rapport qu’elle institue entre la poésie (celle de René Char) et la musique. Pour ouvrir ce concert, Matthias Pintscher dirige deux œuvres de Stravinsky (Huit miniatures instrumentales, Concertino) qui voyait dans Le Marteau sans maître « la seule œuvre vraiment importante en cette nouvelle ère de recherches ».
Jean-Guillaume Lebrun
A l’occasion de deux concerts à la Salle [...]