Le Turc en Italie
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Classique / Opéra - Gros Plan / SAISON 2015 - 2016
La nouvelle création de Nicolas Frize est le résultat d’une longue résidence : une œuvre en six mouvements et déambulations dans le bâtiment des Archives nationales.
Un long couloir au sein des Archives nationales, dans le tout nouveau bâtiment de Massimiliano Fuksas inauguré en 2013. Sur l’une des portes, à gauche, on lit : « Nicolas Frize, compositeur ». Chacune des créations musicales de Nicolas Frize commence par un temps de résidence. Comme à l’usine PSA de Saint-Ouen où il a réalisé Intimité, créé en janvier 2014, il a donc installé aux Archives bureau et salle de travail. C’est à partir du lieu même, de la rencontre avec le personnel et avec les usagers, et de la découverte des métiers que le projet peu à peu prend forme. « Je suis arrivé les mains vides, mais la tête disponible, explique le compositeur. Je tiens à laisser le lieu parler ». Et de fait, ce lieu silencieux entre tous, qui retient ses mots dans de grosses boîtes d’archives, a commencé à bruisser… silencieusement. Des heures et des heures d’entretiens avec les agents ont émergé des phrases que Nicolas Frize affiche dans les bureaux, en transparence sur les vitres, sur les murs ou le long des plinthes où elles accompagnent les longues déambulations du personnel : phrases personnelles, phrases universelles qui parlent de l’archive ou interrogent « la part sensible que chacun met dans son activité professionnelle ».
Evocations multiples
Cette parole de ceux des Archives a nourri l’œuvre qui sera donnée en novembre prochain. Intitulée silencieusement et constituée de six mouvements (du piano solo au double chœur), elle investira des lieux clés du bâtiment. « Chacune des six partitions s’attache à une évocation et se fond dans l’espace qui lui est le plus approprié, à la recherche de souvenirs intimes dans l’auditorium, agitée en foule mobile dans le quai de déchargement, studieuse et collective dans la salle de lecture… ». Pour l’un des mouvements, Nicolas Frize a rassemblé trois mille boîtes d’archives, qu’il fera assembler en une immense sculpture-instrumentarium sur laquelle joueront trois percussionnistes et un bassiste : « une œuvre hallucinogène » pour le compositeur, « entre le trop plein et le vertige de l’accumulation ». Pour un autre, il a composé une pièce pour piano accompagnée d’un film qui à la fois « évoque l’énigme de l’archive » et « témoigne de la variété et de la somme des gestes professionnels, des sensations de métier, des instants de travail qui sont mobilisés autour du monde archivistique ».
Jean-Guillaume Lebrun
Les 12, 13 et 16 novembre à 20h, samedi 14 novembre à 18h, dimanche 15 novembre à 15h et 18h. Tél. : 01 48 20 12 50.
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