La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

Sébastien Guèze

Sébastien Guèze - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 octobre 2009

Le jeune chanteur français, révélé par son récent succès lors du Concours Placido Domingo – Opéralia (prix du Public et second prix), est un ténor très prometteur. Cet interprète intense et charismatique est l’un des protagonistes vocaux de la première mondiale d’Andromaque, tragédie lyrique d’André Ernest Modeste Grétry, composée en 1780 (sur un livret de Racine) et oubliée depuis. Hervé Niquet dirige cette redécouverte importante marquant l’élan pré-romantique de la musique française à l’aube de 1789, à l’occasion d’un concert exceptionnel au TCE dans le cadre de la saison du Centre de musique baroque de Versailles.

Quelle est, d’une manière générale, la nature de votre lien avec la musique française?
Sébastien Guèze : Une histoire d’amour certaine ! Car en parallèle de la scène et de l’étude des rôles traditionnels, je passe des heures à la BNF ou dans des librairies musicales pour trouver des airs d’opéra français inconnus ou oubliés ! C’est une vraie passion ! De manière plus générale, c’est la musique dans laquelle je me sens le mieux, avec une pleine légitimité pour jouer sur tous les mots ! Ce qui est parfois moins évident quand il ne s’agit pas de sa première langue…
 
Andromaque : comment sont nées cette aventure et cette rencontre avec cet opéra oublié?
S. G. : Ayant ce goût du répertoire inconnu, le projet m’a immédiatement emballé mais quand j’ai vu la partition, je suis resté interdit ! Ma première réaction fut de dire : c’est inchantable !
Car sur le papier, l’écriture du rôle de Pyrrhus est infernale ! C’est ce qui me fascine dans le génie des compositeurs : il n’y a jamais de hasard ! Ensuite, j’ai rencontré Hervé Niquet dont la vision et la lecture m’ont finalement convaincu de relever le défi.
 
« après les promesses sur papier, j’ai hâte de voir ce que cet opéra a dans le ventre! » 
 
Quelle émotion ressentez-vous dans cette phase qui précède la révélation d’une telle oeuvre oubliée ?
S. G. : Il y a deux grandes phases, l’une très ingrate où l’on déchiffre tout simplement, l’autre complètement exaltante où l’on cherche les couleurs, les effets, le jeu, la construction de son personnage! A présent j’ai hâte de découvrir toutes les couleurs de l’orchestre, les propositions des autres partenaires, voir ce que cet opéra a dans le ventre! En tous cas, j’y vais  bien décidé à contribuer à l’oeuvre !
 
Parlez-nous de cette musique… En quoi est-elle particulière et attachante selon vous ?
S. G. : En ce qui concerne la musique, je suis plus habitué au répertoire romantique, et je fus agréablement séduit par cet autre souffle et une si grande richesse harmonique! Je ne pense pas qu’il y ait des cloisons entre les styles, seulement des passerelles ! Elles doivent permettre de s’enrichir l’une et l’autre, c’est pourquoi je travaille mon rôle comme tous les autres! La différence est que pour une fois le ténor n’est pas forcément le jeune gentil héros comme on a l’habitude de le voir, c’est ce qui m’a plu chez Pyrrhus. J’ai plutôt tendance à mettre en valeur les côtés positifs de mes personnages, mais ici c’est plus fort que lui, même s’il est sincère par moments, cela ne peut pas dépasser deux mesures… Il a tout, sauf ce qu’il désire le plus: l’amour d’une femme. Son amertume est telle qu’elle l’emporte à chaque fois!
 
Propos recueillis par Jean Lukas


En version de concert. Un enregistrement de l’œuvre aura lieu prochainement.
 
Dimanche 18 octobre à 17 h au Théâtre des Champs-Elysées. Tél. 01 49 52 50 50. Places : 23 à 82 €.

A propos de l'événement

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