Étiquette(s), voyage instructif et ludique mis en scène par Cédric Veschambre
Pour aborder la notion d’étiquette sociale [...]
Au fil d’une partition minutieuse, Gérard Watkins et les quatre remarquables comédiens qui l’accompagnent exposent et auscultent les mécanismes de la violence conjugale dans toute leur complexité. Une réussite bouleversante.
C’est un étonnant et impressionnant travail scénique qu’ont accompli Gérard Watkins et les siens. Nourrie par une recherche documentaire d’environ un an auprès de l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis, du docteur Lazimi, de la victimologue Azucena Chavez, de la vice-procureure Françoise Guyot et de divers intervenants et associations, l’écriture a ensuite été élaborée au plateau avec les acteurs, puis en solitaire par l’auteur et metteur en scène Gérard Watkins. Semi-fictionnelle, mêlant scènes vécues incarnées et récits narratifs, la pièce explore au cœur de l’intime toute la complexité des parcours et des mécanismes qui déclenchent et instaurent la violence conjugale, et laisse émerger une possible issue thérapeutique. En France, en moyenne, tous les trois jours une femme meurt assassinée par son conjoint. Gérard Watkins voulait logiquement représenter cette issue tragique pour l’une des deux femmes de la pièce, mais Ernestine Ronai de l’Observatoire lui a – logiquement aussi – opposé un refus : « la femme ne doit pas mourir ». Justement parce que les femmes battues sont honteuses, pétrifiées, anéanties, massacrées, il ne faut pas qu’elle meure.
Au plus profond des êtres
Ce dialogue avec des membres de la société civile a participé à la visée et à la réussite de la pièce : ce n’est pas un théâtre documentaire, mais un théâtre sensible à la fois immersif et réflexif, qui éclaire autant les victimes que les « perpétrateurs » de violence, qui opère au plus profond des êtres et de leur histoire, et engage si fortement les acteurs qu’ils apparaissent simplement comme des personnes, dans une proximité minutieusement construite avec les spectateurs. Au-delà de l’incarnation du vécu, les quatre protagonistes sont la somme d’expériences révélatrices et symptomatiques. Il y a Rachida et Liam (Hayet Darwich et Maxime Lévêque). Forte, courageuse, Rachida quitte le carcan familial et s’installe avec Liam, venu de province. Et il y a Annie et Pascal (Julie Denisse et David Gouhier). Elle puéricultrice, lui photographe en échec. Ils se rencontrent sur un quai de gare, se revoient, et emménagent ensemble. Deux univers très différents, et deux basculements parallèles de l’amour naissant jusqu’à l’horreur de la violence, exposée sans fard par Gérard Watkins. Une bande sonore interprétée en direct à la batterie – par une femme, Yuko Oshima – accompagne l’action. Jamais impudique, c’est un théâtre de l’humain qui se déploie, qui expose la tragédie terrifiante de la violence en s’inscrivant dans une profonde attention à l’autre.
Agnès Santi
à 22h15. Relâche les 12, 19 et 26 juillet. Tél. : 04 84 51 20 10. Durée : 2h. Spectacle vu au Théâtre de La Tempête à Paris.
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Le chorégraphe passionné des traditions [...]
Fidèle au théâtre pointu et insolite auquel [...]