Les Ménines / Las Meninas d’Ernesto Anaya mes Sylvie Mongin-Algan
Sylvie Mongin-Algan poursuit son exploration [...]
Pour aborder la jeunesse du célèbre peintre américain Jean-Michel Basquiat, Laëtitia Guédon opte pour un portrait subjectif où danse et musique accompagnent un texte de Koffi Kwahulé.
Votre première mise en scène à la tête de votre compagnie 0,10, Bintou, était une pièce de Koffi Kwahulé. Pourquoi revenir à son écriture avec Samo, a tribute to Basquiat ?
Laëtitia Guédon : Ma rencontre avec l’écriture de Koffi Kwahulé, il y a dix ans, a été très forte. En découvrant Bintou, histoire d’une jeune fille française issue de l’immigration africaine, je découvrais une manière de questionner l’identité qui me parlait personnellement. Il m’a fait confiance, et j’ai monté sa pièce avec une dizaine d’acteurs au plateau, ce qui reste pour moi un grand souvenir. J’attendais l’occasion de le retrouver. C’est mon envie de travailler sur Basquiat qui nous a réunis : je lui ai passé commande d’un texte, qu’il est venu écrire en résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon avec les interprètes et moi.
Pourquoi vous être intéressée à la jeunesse de Jean-Michel Basquiat, et non à sa célébrité ?
L.G. : Avant de produire ses œuvres les plus connues, dans les deux années qui précèdent sa mort prématurée en 1987, il déploie une énergie incroyable pour survivre dans le climat de violence raciale du Brooklyn de l’époque. La détermination de ce jeune noir américain à devenir une star fait écho à mon goût pour les formes hybrides. Elle se déploie dans des directions diverses : les « Écritures » signées SAMO (Same Old Shit) qu’il réalise sur les murs de Manhattan, la danse, la musique…
Plutôt que de documenter cette fièvre artistique, votre pièce en propose une évocation. Pourquoi ?
L.G. : Faire une biographie d’artiste ne m’intéressait pas. De toutes façons, il existe très peu de documents sur la période que j’ai choisi de développer. Ce qui m’a offert une grande liberté d’imagination. Pour moi, Jean-Michel Basquiat est une incarnation de l’Amérique du début des années 1980, de la notion de révolte qui émerge à ce moment-là. C’est ce que j’ai voulu montrer en réunissant le comédien Yohann Pisiou, le danseur Willy Pierre-Joseph et la musique de Blade MC Alimbaye, interprétée par Nicolas Baudino.
Cette révolte résonne-t-elle selon vous avec celles qui traversent notre époque ?
L.G. : Il y a chez Jean-Michel Basquiat une critique de la société de consommation que je trouve très actuelle. Dans une Amérique qui sort à peine de la Ségrégation, son désir de s’affranchir de l’Histoire est aussi très inspirant. D’autant plus qu’il n’a jamais versé dans une revendication de type Black Panthers. Sa critique passe par l’humour. Elle est subtile, oblique.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
du mardi au samedi à 20h30 (sauf le samedi 12 à 18h), le dimanche à 16h30. Tel : 01 43 28 36 36. www.la-tempete.fr
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