La Cuisine d’Elvis
Huis clos démentiel, la farce imaginée par [...]
Le Raoul Collectif (Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot) poursuit sa réflexion sur individu et communauté, dans l’atmosphère enfumée d’une radio libre.
Les membres du Raoul Collectif posent le collectif comme objet autant que comme méthode. La voie qu’ils ont choisie est celle d’une création qui rencontre, à la fois, les vertus et les apories du commun : « lente mais fertile ». Leur méthode de travail prend en charge toutes les dimensions de la création et de la production (documentation, mise en scène, scénographie, son, lumière, texte, diffusion). Elle n’exclut pas le recours ponctuel à un œil extérieur et à d’autres forces qui gravitent autour du collectif (assistante, directeur technique, costumière), mais elle force chacun à la responsabilité et à la tenue de ses intuitions : comme toujours quand l’anarchie ne vire pas au désordre et se maintient comme laboratoire démocratique, chacun donne le meilleur de lui-même, en en exigeant autant des autres. Comme le dit Rousseau, « chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, et la condition étant égale pour tous, nul n’a intérêt de la rendre onéreuse aux autres » ! De la friction des cinq tempéraments trempés des membres du groupe, « se dégage une énergie particulière, perceptible sur le plateau, une alternance de force chorale et d’éruptions des singularités, une tension réjouissante, tant dans le propos que dans la forme, entre rigueur et chaos, gravité et fantaisie ».
La création, seule résistance à l’anomie politique
Leur nouveau spectacle, Rumeur et petits jours, installe le public face à une émission radio en train de se faire. Dans une atmosphère enfumée rappelant les années 70, un groupe de chroniqueurs se réunit autour d’un projet commun : dénicher de la beauté. Quelle est la valeur de ce projet au regard du monde qui les entoure ? D’entrée de jeu, cette quête est mise à mal par l’annonce d’une décision venue d’en haut… « La cohésion et l’idéal du groupe, et à travers lui le langage et les idées, sont alors mis à rude épreuve. Mais de quoi cette épreuve est-elle le nom ? » Pour déconstruire ce qui tente de les corseter et pour garder leur liberté, les chroniqueurs ont une seule ressource : la mise en mouvement d’une pensée chorale. « La pièce s’attaque, en creux, aux dérives de notre société rationnelle et matérialiste. Et cette création d’envoyer une pelletée de grains de sable dans la mécanique du monde contemporain, entre conformisme et pensée dominante. »
Catherine Robert
à 22h, relâche le 21. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 1h20.
Huis clos démentiel, la farce imaginée par [...]