Camille Mutel présente « Not I »
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Six femmes en quête d’une vérité pas facile à dire : sur la scène du chorégraphe Hamid Ben Mahi, la parole se livre comme un état de fait, aussi dérangeante que touchante.
Faire face, dans tous les sens du terme : c’est ce que semble nous montrer la première scène de Royaume, créé à La Manufacture CDCN de Bordeaux. Ici, si l’on doit se couvrir la tête, c’est pour mieux mettre en exergue son visage, reflet de son identité. Six femmes viennent en effet s’exposer à nous et revêtir un étrange masque lumineux qui éclaire les reliefs de leurs visages. Puis, des voix émergent, familières. On reconnaît Giselle et les deux Simone, posant leurs combats féministes, comme pour introduire et accompagner ce que Céline, Elsa, Sandrine, Sara, Viola, et Yvonnette s’apprêtent à nous dire. Mais d’abord elles se glissent dans une danse sinueuse tout en ondulations de bras, font de leurs masques une couronne pour composer derrière le rideau transparent du fond de scène une frise. Image forte de déesses Skakti posées dans leur puissance et leur beauté. Leur parole n’interviendra que plus tard, dans des ambiances lumineuses plus chaudes, après avoir pris le soin de semer sur le sol un sable ocre, propice à accueillir le tracé calligraphique de leurs pas.
Une danse nourrie de force et fragilité
Faut qu’on parle ! n’est pas seulement le titre d’un spectacle emblématique d’Hamid Ben Mahi, il est aussi une devise. Royaume n’échappe pas à cette volonté de livrer sur le plateau une parole personnelle, dès lors qu’elle touche un enjeu sociétal. Mais c’est la douceur et la bienveillance qui guident chaque moment où la danseuse s’approche du micro pour énoncer qui elle est, passant par son âge, le nombre de ses enfants, ses origines familiales et sa trajectoire professionnelle. On fait d’abord connaissance, puis on danse. Les bras boxent l’air, les diagonales sont comme des chaînes de transmission et de solidarité, le rythme soutient l’individu et le groupe. Au gré des allers-retours, des anecdotes, pas si faciles à sortir que ça, deviennent le ciment d’une histoire de la condition féminine d’aujourd’hui, faite de rapports de soumission, d’inégalités, d’agressions, de non-respect, de peurs au quotidien. Sans se répandre en invectives, sans endosser le rôle de victimes, elles font au contraire état d’un vécu tout en montrant, en danse et en mots, la part de force et de vulnérabilité qui les constituent et qui les font avancer. C’est sans doute la diversité d’âges et de parcours qui fait de ce groupe un casting de choix. Sous le regard d’Hamid Ben Mahi, l’alchimie douce du chorégraphe opère pour rendre essentielle et vibrante la présence de ces femmes.
Nathalie Yokel
à 15h10 (Relâche le 15). Tel : 04 90 82 33 12.
Spectacle vu à La Manufacture CDCN de Bordeaux.
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