La Mère coupable, d’après Beaumarchais, adaptation de Laurent Hatat et Thomas Piasecki, mise en scène de Laurent Hatat
Laurent Hatat et Thomas Piasecki offrent une [...]
Marjorie Nakache met en scène avec maestria la brillante adaptation de l’œuvre de Rousseau que signe et interprète Xavier Marcheschi. Un spectacle d’une poésie et d’une intelligence fascinantes.
Dans l’imaginaire populaire, parfois prompt au raccourci et au stigmate, Rousseau demeure à jamais celui qui a abandonné ses enfants. Il est celui qui accuse la servante du vol qu’il a lui-même commis, celui qui jouit sous la fessée, le giton de la Warens et le déshonneur de Thérèse… On n’aime pas Rousseau à la larme facile ; on préfère Voltaire, le mondain à la plume mordante. Marjorie Nakache et Xavier Marcheschi tordent le cou à cette injuste réputation, en imaginant le dialogue théâtral entre le philosophe vieillissant – celui du portrait au bonnet arménien – et un Jean-Jacques sautillant et fougueux, que campe une des adorables marionnettes imaginées par Einat Landais et manipulées avec brio par Sandrine Furrer et Martine Palmer. Et miracle de la scène quand elle est intelligente, derrière l’anecdote, surgit la pensée : on assiste à l’histoire de sa naissance, de sa maturation et de ses développements. Le père génial de l’Emile et Du Contrat social est rendu à la gloire de ses rejetons immortels ! Il faut avoir été Jean-Jacques pour devenir Rousseau : devoir et coûter la vie à sa mère, subir l’abandon d’un père volage, supporter la violence d’un maître d’apprentissage brutal, essuyer la morgue des grands et la douleur de la condition servile pour enfin devenir celui qui théorise, parce qu’il l’a vécu, qu’il n’y a pas de liberté sans égalité.
Pour un théâtre de la pensée
La progression du spectacle, jusqu’au brillantissime dernier morceau, où Xavier Marcheschi livre la quintessence de la philosophie politique de Rousseau, est impeccable. On voit les idées voleter sur les ailes des papillons, les concepts naître sous les pas des gracieuses marionnettes ou dans les gestes de Sonja Mazouz, qui complète la distribution et offre son talent de comédienne et de danseuse aux rôles féminins. Des images confondantes de beauté naissent sous les effets de la manipulation des personnages et des objets : les livres gambadent et s’ouvrent pour former des jardins, les étoiles scintillent dans le ciel, les voiles rouges de l’amour de « Maman » envahissent la scène, un souriceau malicieux surgit des boîtes magiques qui composent le décor. Tout est beau, subtil, élégant. La scénographie offre un écrin scintillant à cette pensée éclatante, rendue miraculeusement familière et extraordinairement moderne grâce au talent de dentellière avec lequel Xavier Marcheschi a tissé le texte. « Personne ne nous a donné une plus juste idée du peuple que Rousseau, parce que personne ne l’a plus aimé. » disait Robespierre aux Jacobins. Force est d’admettre que personne ne nous offre une plus juste idée de Jean-Jacques Rousseau que les artistes accomplis du Studio-Théâtre de Stains.
Catherine Robert
Matinées à 14h : mardi, jeudi et vendredi ; soirées à 20h30 : vendredi 3, 10 et 17, samedi 11 décembre ; dimanche 12 décembre à 15h. Tél. : 01 48 23 06 61. A partir de 8 ans.
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