La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2017 - Entretien / Yann-Joël Collin

Roberto Zucco et Prologue sur le Théâtre

Roberto Zucco et Prologue sur le Théâtre - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Saint-Joseph
Crédit : RdL Légende : Le metteur en scène Yann-Joël Collin.

Gymnase du Lycée Saint-Joseph / de Bernard-Marie Koltès et Didier-Georges Gabily / mes Yann-Joël Collin

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Yann-Joël Collin creuse ses recherches sur la question de la représentation à travers une création associant l’écriture de Bernard-Marie Koltès et celle de Didier-Georges Gabily. Avec les élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.

Quel regard portez-vous sur la pièce de Bernard-Marie Koltès et le personnage qui lui a donné son nom ?

Yann-Joël Collin : Pour moi, Roberto Zucco est un personnage qui cherche son identité. Il ne sait pas qui il est. D’ailleurs personne ne comprend comment il fonctionne. On ne sait pas comment quelqu’un peut ainsi tuer sans raison apparente. Ce qui est en jeu dans la pièce de Koltès, ce n’est pas l’histoire de cet homme, mais la question que pose sa violence à une société confrontée à ses contradictions. Par rapport à cela, je me suis dit que si un seul acteur prenait en charge le rôle de Roberto Zucco, on donnait une réponse à la question de son identité, ce qui est beaucoup moins intéressant. Il m’a donc semblé pertinent de confier ce rôle à plusieurs interprètes, comme si chacun d’eux représentait une tentative d’interroger cette identité.

Avez-vous procédé à des aménagements du texte ?

Y-J. C. : Non, nous montons l’intégralité de la pièce, mais en mettant en jeu, à travers elle, la question de la représentation. Je n’ai pas cherché à rendre la fiction crédible. Pas plus qu’à rendre compte d’une quelconque forme de réalisme. Ce qui m’intéresse, c’est la langue de Koltès, son écriture. Pour moi, Roberto Zucco met en jeu, non pas le réalisme, mais la réalité en mouvement du plateau. Cette pièce est extrêmement singulière, elle remet en question la notion même de théâtralité. J’ai donc réfléchi, avec les élèves du Conservatoire, à un projet autour de la langue, de l’écriture, qui puisse permettre au travail de l’acteur de devenir l’enjeu même de la représentation et de l’identification.

« Ce qui m’intéresse, c’est la langue de Koltès, son écriture. »

Et c’est là qu’est venue l’idée d’intégrer au spectacle le Prologue sur le Théâtre de Didier-Georges Gabily…

Y-J. C. : Exactement. C’est un texte extrait du premier roman de Gabily, Physiologie d’un accouplement. C’est le monologue d’une jeune femme, qui va dans toutes sortes de directions, un peu comme un puzzle. Cette femme raconte qu’elle a commis un infanticide. Elle parle de façon discontinue, comme si les mots s’écoulaient d’elle… Ce texte, qui intervient comme un prologue, puis s’insère par fragments tout au long du spectacle, permet d’éclairer la façon dont on aborde Roberto Zucco.

Que produit la confrontation de ces deux écritures, de ces deux styles extrêmement différents ?

Y-J. C. : Etant en effet radicalement différentes, ces deux écritures ne se fondent jamais l’une dans l’autre. A chaque instant, on sait si le texte est de Koltès ou de Gabily. C’était une volonté de départ. Car le projet n’est évidemment pas de rajouter du texte à l’intérieur de Roberto Zucco. Il est de faire se rencontrer deux mouvements de langue différents qui permettent à l’acteur de se mettre en jeu à travers eux.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Roberto Zucco et Prologue sur le Théâtre
du mardi 11 juillet 2017 au jeudi 13 juillet 2017
Festival d'Avignon. Gymnase du lycée Saint-Joseph
62 Rue des Lices, 84000 Avignon, France

à 17h. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 2h20.

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