Une femme, un homme, des parents, une ex-épouse. Des mots et des silences. L’empreinte de l’amour, de la solitude, de la mort. Pièce de l’écrivain norvégien Jon Fosse, Rêve d’automne s’avance sur le chemin de questionnements existentiels.
Il est l’un des grands auteurs de théâtre de notre époque. Révélé en France par Claude Régy – qui mit en scène Quelqu’un va venir en 1999, une adaptation de son roman Melancholia I en 2000 et Variations sur la mort en 2003 – Jon Fosse investit l’immatérialité de l’existence, les enfoncements et les opacités du rapport qu’entretient l’homme avec le monde. « Quand j’écris pour le théâtre, explique-t-il, j’essaie d’écrire des pièces qui sont tellement écrites qu’elles peuvent créer ces moments intenses et limpides, souvent des moments de profond, profond chagrin, mais aussi souvent des moments qui dans leur maladroite humanité invitent au rire. » Des moments d’une force péremptoire qui nous placent à la frontière de deux sphères : celle du réel, de la quotidienneté ; celle de l’indicible, de la métaphysique. Rendant ainsi la vie perméable à l’étrange, l’écrivain norvégien, né en 1959, sculpte une langue faite de creux et de pleins, une langue répétitive, obsessionnelle, à la fois charnelle et impalpable, une langue qui révèle la voix sans âge d’un ailleurs venu de loin.
Une direction d’acteur inégale
Cette voix disant autant par les mots que par les silences est toute entière présente dans Rêve d’automne, que met aujourd’hui en scène David Géry. Faisant se rencontrer cinq personnages dans l’enceinte d’un cimetière (L’homme, Yann Collette ; La femme, Irène Jacob ; La mère, Judith Magre ; Le père, Simon Eine ; Gry, Gabrielle Forest), la pièce de Jon Fosse se positionne hors du temps pour donner naissance à un univers sondant la question de l’amour, de la solitude, de la mort. Un univers magnifique que la représentation conçue par David Géry ne parvient à éclairer que par éclats. Car ce théâtre si particulier nécessite une direction d’acteurs irréprochable, une appréhension entièrement accomplie du « dire » et de l’incarnation. Or cette version de Rêve d’automne souffre de la prestation beaucoup trop lisse d’Irène Jacob. Déséquilibré par le manque de singularité de la comédienne, le spectacle de David Géry peine ainsi à nous mener jusqu’à l’invisible existentiel qui fait toute la grandeur de l’écriture de Jon Fosse.
Rêve d’automne, de Jon Fosse (texte édité aux éditions de L’Arche) ; texte français de Terje Sinding ; mise en scène de David Géry. Du 25 septembre au 18 octobre 2008. Le mardi à 19h00, du mercredi au samedi à 20h00, matinées exceptionnelles le dimanche 5 octobre à 16h00 et le samedi 18 octobre à 15h00. Athénée Théâtre Louis-Jouvet, square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7, rue Boudreau, 75009 Paris. Réservations au 01 53 05 19 19.
Reprise le 23 octobre 2008 au Phénix, Scène nationale de Valencienne ; du 6 au 14 novembre à l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône ; du 19 au 22 novembre, à la Comédie de Picardie.