L’Ecole des femmes
Après Le Misanthrope en 2003 et Le Tartuffe [...]
Alexander Vantournhout invite le poète russe Daniil Harms sur son plateau et produit un petit bijou de chorégraphie, à l’étrangeté drôle et fine.
« Il était une fois », commence Alexander Vantournhout. Mais là s’arrête toute tentative de narration, puisque d’homme roux, il n’y en aura finalement pas, pas plus que celui-ci n’aura de cheveux, de nez, de bouche, de bras… Nous voilà bien en absurdie, que l’artiste distille à petite dose, en français, anglais et russe dans de courts textes bien choisis dans l’œuvre de Daniil Harms. Le reste, à savoir le triomphe du non-sens, de l’incongruité, de l’irrationnel, est entièrement porté par le corps et c’est une vraie réussite. C’est d’abord un homme qui ne fait que sauter – à moins qu’il ne se déshabille, question de point de vue -, avant de disparaître. Ce sont ensuite deux faux jumeaux, dont les inquiétants dédoublements traduisent un sens du bizarre exacerbé. Le tout avec une simple table, une chaise et une boîte. Tout l’art d’Alexander Vantournhout réside dans la façon dont il va, tout au long du spectacle, morceler les corps, donnant une vie propre et folle à chaque membre, avant de le reconstituer pour mieux le faire disparaître.
Illusion et magie font bon ménage avec la danse
Ainsi, ce sont des jambes qui racontent leur histoire indépendamment du buste. Lors d’un très beau duo à la table, les corps cherchent la meilleure façon de se croiser, de se frôler, de tricoter, de s’écouter puis d’être ensemble. L’état de corps autour de la fluidité, de l’élasticité, de la rondeur, tranche avec la marche militaire millimétrée du début : c’est un monde où l’on marche sur la tête – et pas seulement – que l’artiste nous montre, un monde ouvert à toutes les surprises. Vantournhout nous déroute, les déséquilibres vont bon train, les disparitions s’enchaînent, le tout avec l’air de ne pas y toucher. Une distance qui insuffle la juste dose d’humour dans ce spectacle autant chorégraphique que circassien, où l’illusion règne en maître sur notre imaginaire.
Nathalie Yokel
à 20h30. Tél. : 03 88 27 61 81. Le Prato, 6 allée de la Filature, 59000 Lille. Le 30 janvier 2019 à 20h. Tél. : 03 20 52 71 24. Festival Spring, Théâtre de l’Arsenal, route des Falaises, 27100 Val-de-Reuil. Le 15 mars 2019 à 20h. Tél. : 02 32 40 70 40. Les Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent, 69100 Lyon. Du 22 au 24 mars 2019 à 20h. Tél. : 04 78 39 10 02. Théâtre de Montbéliard, rue de l’école française, 25000 Montbéliard. Le 26 mars 2019 à 20h. Tél. : 0805 710 700. Spectacle vu au Festival Circa à Auch.
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