La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Gros Plan

Raptus

Raptus - Critique sortie Danse

Publié le 10 mars 2012 - N° 196

François Verret scrute l’état du monde pour dévoiler les traumas intimes de l’être aux prises avec la violente indifférence et le chaos qui rongent la société contemporaine.

« Impulsion violente et soudaine susceptible de pousser quelqu’un à un acte violent ; désir soudain et impérieux d’accomplir un acte ; crise comportementale accompagnée d’une perte de contrôle de soi ». Ainsi la science médicale définit-elle à mots choisis un « raptus », mal social autant que psychique qui touche l’être en son cœur et le dérobe à lui-même. Perte d’empathie, indifférence grandissante, disparition progressive des affects, anomie de la société… autant de dégradations du « vivre ensemble » à l’œuvre aujourd’hui qui ébranlent l’individu dans sa relation aux autres et peuvent le conduire à la rupture. « Il y a aujourd’hui une très forte corrélation entre la perte d’empathie à laquelle l’économie néolibérale nous astreint de plus en plus, et le désir de s’extraire du « circuit », de se retirer du monde, par n’importe quel moyen… drogue, alcool, somatisation. » notre François Verret.

Echapper au « sans issue »

Dans Courts-Circuits (2011), le chorégraphe et metteur en scène déjà observait le désarroi face aux cahots d’un monde insomniaque, happé dans la tourmente de l’infini présent et le frisson de la catastrophe. Il s’immisçait alors dans nos fors intérieurs, là où retentissent les sommations du système, là où frappent les éclats d’une réalité mondialisée qui patine sur les clichés glamour, plâtrés à longueur de médias sur le quotidien pour en masquer les plaies. Raptus, nouvelle création, poursuit l’exploration et sonde les réponses de l’humain au trauma. « En essayant de s’adapter aux règles, aux lois, aux mœurs ambiantes, l’individu se morcèle et cela engendre parfois la confusion mentale. Si le raptus semble alors surgir sans raison apparente c’est peut-être pour sortir de cet enfermement, de ce conditionnement lié à ce que Kafka appelle « la culture moyenne d’un européen ». ». Créée avec Natacha Kouznetsova, Marta Izquierdo Munoz et Chiharu Mamiya, ce nouvel opus dévoile le paysage mental d’une personne en état de choc, qui brutalement laisse exploser en une déflagration furieuse la confusion intime où nous jette notre époque.

Gw. D.


Raptus, mise en scène de Francois Verret. Du 20 au 31 mars 2012 à 20h30, sauf jeudi à 19h30, relâche dimanche et lundi. Grande halle de la Villette, Parc de la Villette, 75019 Paris. Tél. : 01 40 03 75 75 et www.villette.com.

A propos de l'événement


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