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Théâtre - Entretien

Rabelais, populaire et savant

Rabelais, populaire et savant - Critique sortie Théâtre Paris Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Benjamin Lazar : Nathaniel Baruch Crédit photos : DR

Théâtre de l'Athénée / de Rabelais / mes Benjamin Lazar
ENTRETIEN

Publié le 25 octobre 2013 - N° 214

Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan ont adapté la vie du « très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du Grand Géant Gargantua » : le premier à la mise en scène et le second au jeu, ils rendent conjointement hommage à Rabelais.

« Comme en terre étrangère, on est d’abord surpris, mais très vite, on apprécie la langue. »

Pourquoi ce duo pour adapter Rabelais à la scène ?

Benjamin Lazar : Je connais Olivier Martin-Salvan depuis longtemps : nous avons fait l’école Claude Mathieu ensemble et, il y a dix ans, nous commencions les répétitions du Bourgeois gentilhomme dans lequel il jouait le rôle-titre. Le spectacle a tourné plusieurs années et nous a accompagnés sur nos chemins de comédien et de metteur en scène. Quand le spectacle s’est terminé, nous avons eu envie de travailler à nouveau ensemble. Depuis des années, on dit Olivier gargantuesque et rabelaisien. Il a eu envie de se confronter à cette réputation que lui donnent sa carrure impressionnante, issu de sa pratique du sport à haut niveau, et son appétit physique et intellectuel.  En même temps, il a travaillé sur le théâtre baroque, puis avec Valère Novarina, et il a aussi une formation lyrique : il met toutes ces qualités au service de Rabelais, en athlète de cette parole.

 

Encore une fois, vous choisissez le texte dans sa langue originale. Pourquoi ?

 

B. L. : Quand on lit Rabelais, on découvre la pensée de cet homme face à l’univers, sa curiosité, son indépendance, son humanisme très actif : tout cela passe par une langue qui pour lui était neuve, puisqu’à l’époque, le français prenait son autonomie littéraire par rapport au latin. Détacher la forme du fond nous semblait dommage. La langue est ancienne, certes, mais on sent la modernité de l’écriture de Rabelais. De plus, cette langue est faite pour être dite. François Ier se faisait lire Rabelais à voix haute, et on le comprend mieux par le biais d’un acteur. Dans l’océan-Rabelais, il fallait faire des choix. Nous avons centré le spectacle sur le personnage de Pantagruel : sa naissance spectaculaire, son éducation, son arrivée à Paris, le voyage du narrateur dans la bouche de son héros, en empruntant des extraits à d’autres livres, notamment l’épisode fameux des mots gelés. Comme en terre étrangère, on est d’abord surpris, mais très vite, on apprécie la langue, on s’adapte, et on comprend : le sens passe, même si les mots sont surprenants et nouveaux. Et c’est le travail que nous avons fait avec la musique qui porte aussi cela.

 

Comment ?

 

B. L. : Trois personnages arrivent dans un théâtre : Alcofribas, qui a côtoyé Pantagruel, un joueur de luth (Miguel Henry), et un joueur de cornet à bouquin (Benjamin Bédouin), instrument noir et courbe qui émet un son très pur, entre la trompette et la flûte. David Colosio a composé des musiques d’aujourd’hui pour ces instruments anciens. Adeline Caron et Julia Brochier ont inventé des décors et des costumes qui s’inspirent de la tradition carnavalesque des hommes sauvages, matériaux bruts avec des coupes du XVIème et des éléments plus modernes, en un mélange qui est comme la sensation physique que donne cette langue, à la fois populaire et savante.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Pantagruel
du lundi 4 novembre 2013 au dimanche 1 décembre 2013
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Rue Boudreau 75009 Paris

Jusqu'au 30 novembre.Mardi à 19h, dimanche à 16H et du mercredi au samedi à 20h. Rens O153051919.  
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