La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2015 - Entretien Mariano Pensotti

Quand je rentrerai à la maison, je serai un autre

Quand je rentrerai à la maison, je serai un autre - Critique sortie Avignon / 2015 Avignon La Fabrica
Crédit photo : Bea Borgers

La Fabrica / texte et mes Mariano Pensotti

Publié le 26 juin 2015 - N° 234

Le metteur en scène Mariano Pensotti et le Grupo Marea interrogent les aléas temporels de la constitution de l’identité personnelle en un spectacle où les objets servent de repères et de témoins.

« Une de mes obsessions récurrentes est ce qui nous constitue comme personne. »

Comment le projet de cette pièce est-il né ?

Mariano Pensotti : La pièce est inspirée d’un fait réel vécu par mon père il y a peu. Dans les années 1970, il était militant révolutionnaire. Quand la dictature est arrivée au pouvoir en Argentine, il a décidé de cacher un certain nombre d’objets compromettants au cas où les militaires investiraient la maison, et les a enterrés dans le jardin de mes grands-parents. A la fin de la dictature, il a essayé de les récupérer, en vain. Début 2014, il a reçu un appel du propriétaire actuel de la maison qui avait retrouvé ces objets. Quarante ans après, mon père s’est trouvé confronté à cette capsule de temps qui contenait les traces de quelqu’un qu’il avait été et qu’il n’était plus. Chaque famille a ses mythes fondateurs, des événements parfois banals qui projettent leur ombre sur plusieurs générations. Une des obsessions récurrentes de mes dernières pièces est ce qui nous constitue comme personne, ce qui fait de nous ce que nous sommes et pas un autre.

Pourquoi une telle importance accordée aux objets dans cette histoire ?

M. P. : Les objets sont chargés d’histoires et ils constituent en eux-mêmes des petites capsules de temps contenant les empreintes de ceux qui les ont utilisés. Cette pièce propose de faire une sorte d’archéologie de la vie quotidienne à partir de ces restes matériels qui perdurent dans le temps. Les personnages de ce spectacle découvrent qu’avec le temps, nous devenons un double de nous-mêmes. Un double qui est souvent un reflet construit sur un mythe personnel ou familial qui n’existe plus. Confrontés soudain à ces mythes, ces personnages découvrent que les changements dont on fait l’expérience au cours de la vie conduisent à être plusieurs, comme un comédien qui incarne des variations d’un même personnage.

Quel est le dispositif scénique choisi ?

M. P. : La mise en scène imite les apparences d’un vieux musée archéologique de Patagonie. Ce musée présentait un parcours éducatif un peu bizarre fait de panoramas mobiles, tapis roulants, photographies de personnes à taille réelle, etc. Nous utilisons les tapis pour faire apparaître et disparaître des choses sur scène, des choses inattendues, en rapport avec des objets révélateurs dans la vie des personnages. Cet élément fait aussi penser à un ruban de Moebius, dans lequel un élément quelconque repasse où il a été, comme si le temps était circulaire : les personnages se confrontent à nouveau à ce qu’ils ont déjà vécu, mais d’une façon différente.  

Comment l’histoire d’abord écrite évolue-t-elle au plateau ?

M. P. : En général, je pars d’histoires assez littéraires. Dès lors, le premier défi est de trouver, avec les acteurs, la théâtralité de ces histoires. Ce processus demande une grande collaboration et conduit à des transformations permanentes des idées originales. Je cherche aussi à intégrer des éléments propres à la vie des acteurs impliqués dans le projet.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Quand je rentrerai à la maison, je serai un autre
du samedi 18 juillet 2015 au samedi 25 juillet 2015
La Fabrica
11 Rue Paul Achard, 84000 Avignon, France

A 18h, relâche le 22. Festival d’Avignon.

Tél. : 04 90 14 14 14.

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