Le triomphe de l’esprit de la jeunesse
Prouvant une nouvelle fois sa puissance [...]
Avignon / 2015 - Entretien Valérie Dréville
En partenariat avec l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes, où enseigne Valérie Dréville, le festival d’Avignon organise un feuilleton philosophique méridien : comédiens et amateurs lisent ensemble La République, dans la nouvelle traduction d’Alain Badiou.
« Ce projet a été pensé par l’ERAC et le festival autour de la rencontre avec les amateurs. L’école est au centre de ce projet. Les sortants du groupe 22 arrivent à Avignon, investissent le jardin, le texte de Platon et la parole politique en son centre. Ce projet fait entrer les élèves dans le monde du travail. Le festival d’Avignon représente un rêve pour beaucoup : cette entrée dans le théâtre d’art est une étape importante. Des amateurs (cinquante par semaine, venus de tous horizons, des retraités aux lycéens) vont s’intégrer au projet comme un chœur ou un public qui prend la parole. Je considère qu’un travail d’école est toujours inscrit dans un processus : si différents Socrate il doit y avoir, ce n’est pas le problème ! Le problème, c’est ce qu’est un dialogue philosophique et comment on le restitue par une lecture. Ce n’est pas un projet avec des rôles, des costumes, des lumières, mais une lecture en plein jour, dans un jardin. S’interroge ici le rapport au livre, à la lecture, à la pensée et à la parole. Si ce spectacle a une force, c’est aussi parce qu’il sera le résultat d’une formation, d’un apprentissage.
Théâtre dépouillé du théâtre
Vassiliev, dont j’ai suivi l’enseignement, travaillait beaucoup Platon : pour la structure psychologique, il choisissait Tchekhov, et Platon pour les structures de jeu. Il me plaît beaucoup de m’y replonger, car ce travail me ramène à l’occasion de comprendre comment les idées ont des corps. Socrate et ses amis s’amusent en essayant de capter une forme de vérité. Le texte n’est ni cérébral, ni grave, ni sérieux : c’est un jeu. Les idées jouent, elles ont un corps, une vie, elles grandissent, meurent : comment peut-on les incorporer ? Il ne s’agit pas d’incarner des personnages mais de comprendre comment des idées viennent dans les corps. Commet comprend-on avec son corps ? Cela peut paraître basique mais cela demande pourtant un certain travail ! De plus, ce n’est pas facile de faire une lecture, c’est même plus difficile que d’apprendre un rôle. Il faut bien se positionner car il y a une distance par rapport au support. En plein jour, à midi, dans un jardin : on ne peut faire cela qu’à Avignon ! Et ce théâtre dépouillé du théâtre, j’adore ça ! »
Propos recueillis par Catherine Robert
Festival d’Avignon.
à 12h, au . Tél. : 04 90 14 14 14.
Prouvant une nouvelle fois sa puissance [...]