Avec « Cendres sur les mains » de Laurent Gaudé, Alexandre Tchobanoff crée une tragédie contemporaine autour d’une rescapée de guerre
Depuis sa création, la pièce mise en scène [...]
Avignon 2023 - Marionnettes - Critique
Avec Poussière, Sophie Mayeux (cie Infra) propose une parabole ciselée sur la résilience. Dans un monde ravagé par une catastrophe, un être marionnettique fragile, esseulé, se trouve relevé par les deux paires de mains qui l’animent. Poétique, suggestif, porté par la musique comme le serait une pièce chorégraphique, c’est un spectacle beau autant que poignant.
C’est une histoire heureuse qui commence par un cataclysme. Une histoire muette, où le mouvement et la musique font la narration. La musique symphonique enfle et s’apaise, tantôt sombre et tantôt vive, et les gestes du personnage épousent les notes, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse. Pourtant, il ne s’agit pas exactement de danse, mais de marionnette, et aussi de théâtre de matière. En effet, la pièce commence par l’évocation de la catastrophe, qui n’est jamais nommée mais qui est figurée par de la fumée, des cendres et de la poussière qui se retrouvent modelés par le vent pulsé par des turbines, à l’intérieur d’un grand cylindre transparent, sorte de castelet futuriste. Les nuages ainsi emprisonnés peuvent se contracter en cyclone furieux ou au contraire s’étaler en fonction du contrôle exercé : la fumée semble décrire un ballet réglé sur la musique. On pense évidemment à L’après-midi d’un foehn de Phia Ménard, avec lequel Poussière partage le vent et la symphonie ; mais le dispositif est ici très différent, et invite à un rapport plus contemplatif à l’œuvre.
Une marionnette fragile, un spectacle élégant
La marionnette qui émerge des cendres n’est d’abord qu’une tête. Il faudra qu’elle se retrouve, éparpillée qu’elle est, et qu’elle se recompose. Son corps est gris, comme la cendre qui l’entoure, petit, et fragile : ce n’est pas celui d’un humain démiurge, mais au contraire d’un humain qui a été ramené à l’humilité de sa plus simple condition. Les mains nues des marionnettistes sont les seules touches de couleur de cet univers clos où elles font irruption depuis l’extérieur : c’est une belle métaphore de l’artiste qui insuffle la vie à son pantin quand il l’anime. Le dépassement par le personnage des images qui le hantent viendra finalement de sa capacité à créer, ou peut-être à commémorer le passé : le sens est suffisamment ouvert pour que chaque membre du public bâtisse sa propre interprétation. La délicatesse du traitement, la beauté de la relation entre les marionnettistes et leur marionnette, sont touchants. Poussière est une poésie qui nous parle avec sérénité de la vie après la fin du monde. C’est un spectacle d’une grande élégance.
Mathieu Dochtermann
à 20h45 du 7 au 26 juillet – relâches les 13 et 20
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