Protée
Une joyeuse satire, portée avec malice par [...]
Le Cirque Bang Bang pose son chapiteau et ses valises pour une belle série de représentations de son duo Post. Une échappée poétique 100% jonglage.
Elsa Guérin et Martin Palisse sont les instigateurs d’une démarche où le jonglage se vit comme un langage à part entière. En aucun cas dans le registre du décoratif ou de l’amusant, l’art de la jongle est au centre de l’écriture de leurs spectacles et en particulier de Post, un duo à la fois poétique et étrange. Autodidacte puis à bonne école avec Phia Ménard ou Jérôme Thomas, le tandem a su développer une relation singulière et une gestuelle qui emporte les balles vers des paysages abstraits. Sous chapiteau, ils jouent la proximité et respectent l’espace circulaire, pour expérimenter une richesse de déplacements qui sont autant ceux de danseurs. Peu avares de mouvements, ils déplacent les habitudes statiques du jonglage et entrent de plain-pied dans leur démarche issue de leur pratique du « vol jonglé ».
Vers des territoires nouveaux
Ce qui surprend avant tout dans ce projet, c’est la relation qui se développe entre les deux protagonistes, entièrement voués à leurs balles, mais constamment recherchent le fil qui les relie. Ensemble, ils montrent une étonnante complicité, tout en sobriété, cherchant la concordance des gestes, la séparation, puis la meilleure façon de se retrouver. On se touche, on se soutient, l’attention est portée à l’autre autant qu’à ses balles. Peu d’esbroufe dans leur rapport à l’objet, qui devient un élément assez neutre, en accord avec la mesure et la tension qui caractérisent Elsa et Martin au travail. Jusqu’à se moquer d’eux-mêmes dans une séquence où le scotch entrave leur corps autant que leur regard, et qui force plus encore leur écoute. Post oscille tout du long entre abstraction et tendre humanité, dans un parti-pris assumé d’emporter le jonglage vers des territoires affranchis du cirque traditionnel.
Nathalie Yokel
Une joyeuse satire, portée avec malice par [...]