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Avignon / 2025 - Entretien / Pierrette Dupoyet
Depuis plus de 40 ans la comédienne, auteure et metteure en scène Pierrette Dupoyet participe au Off d’Avignon, célébrant le théâtre en partage avec un public fidèle, éclairant les parcours méconnus de figures célèbres telles Joséphine Baker, Marie Curie… Elle crée cette année Les Caisses de la Honte qui donne vie à « Rose Valland, héroïne de l’ombre », et reprend Côté Rimbaud.
Comment vous êtes-vous documentée sur cette héroïne oubliée ?
Pierrette Dupoyet : Il y a de nombreux ouvrages racontant la vie de Rose Valland. Toutefois, lorsque je porte sur scène une vie exemplaire, je veille à comparer les sources de manière à ne pas guider le public sur une fausse piste. Je me suis donc rapprochée de personnes dont la probité ne faisait aucun doute. J’ai rencontré Emmanuelle Polack historienne de l’Art, Jacqueline Barthalay, présidente de l’Association « La mémoire de Rose Valland », et Christine Vernay, petite cousine de Rose Valland. Leur aide a été précieuse dans ma façon d’appréhender l’engagement de Rose afin de l’incarner sur scène. Cette femme a joué un rôle essentiel de résistance, elle a sauvé 60000 œuvres d’art spoliées par les nazis. Nous lui devons reconnaissance.
Quelle mise en scène voulez-vous construire pour éclairer son parcours ?
P.D. : Quand je raconte la vie de gens exceptionnels (Marie Curie, Jean Jaurès, Léonard de Vinci, Louis Braille, Sarah Bernhardt, etc), je me mets dans la peau d’un spectateur ignorant tout de la personne dont je vais parler. J’évoque donc l’enfance, le milieu dans lequel la personne a évolué, les moments décisifs de sa vie, les évènements qui ont fait d’elle un symbole d’espoir ou de courage. C’est le cas de Rose Valland dont la mémoire nous inspire respect et amour de la vie. La mise en scène est évolutive avec une constante : la présence du dessin, de la peinture et des œuvres d’art dont elle a la responsabilité au Jeu de Paume et qui, sous ses yeux, seront pillées par les nazis.
De quelle manière appréhendez-vous la figure iconique de Rimbaud ?
P.D. : Curieusement ce qui m’a fait aimer Arthur Rimbaud n’a pas été sa poésie mais, dès sa plus tendre enfance, sa soif d’absolu, son désir de transcender la médiocrité du réel. À 19 ans il a tourné le dos à la poésie et jusqu’à sa mort à l‘âge de 37 ans, n’est jamais revenu sur ce choix radical. Exigeant, donc éternel insatisfait, « l’homme aux semelles de vent » est parti questionner le monde jusqu’au fond des déserts. Dans cette seconde partie de vie, faite d’errances successives, j’ai entendu des appels désespérés et une soif vibrante d’amour. C’est la partie essentielle du spectacle Côté Rimbaud tant sa quête perpétuelle de bonheur continue à nous parler. À toutes les époques, Rimbaud a représenté une jeunesse impatiente de trouver sa place. Les adolescents se reconnaissent encore en lui aujourd’hui.
Riche d’une longue expérience, comment voyez-vous aujourd’hui la situation des compagnies, du spectacle vivant ?
P.D. : C’est mon 42ème Festival d’Avignon et j‘aime de plus en plus cette superbe fête du spectacle vivant ! Soyons fiers de cette bouffée d’oxygène offerte aux spectateurs à travers plus de 1500 spectacles. En me demandant comment je vois les compagnies aujourd’hui, vous vous attendez peut-être à une réponse disant que le théâtre va mal et que les compagnies sont en difficulté. Mais que l’on me cite une seule période où le théâtre se portait à merveille, où tous les comédiens mangeaient à leur faim, où ils vivaient de leur art avec le seul souci d’aller sur scène… Voilà 2000 ans que l’on prétend le théâtre en crise et pourtant il est toujours là ! Donc, je trouve que pour un moribond il se porte bien. Le Festival d’Avignon participe à le consolider. Il nous donne le privilège d’avoir le public en face de nous tous les jours pendant presque un mois, osant nous aborder comme des amis « d’émotions partagées ». Voilà plus de 40 ans que, contrairement à la plupart des autres métiers, je constate qu’il n’y a pas de concurrence entre nous. Il y a une émulation permanente et ce n’est pas la moindre des vertus du théâtre que de nous obliger à grandir en permanence afin de partager la vérité que nous mettons dans nos créations. Personne ne nous a obligés à monter sur scène. Nous avons librement choisi nos vies. Tant d’autres personnes aimeraient pouvoir en dire autant ! Alors, savourons notre chance sans nous plaindre lorsque certaines périodes de notre trajectoire sont plus difficiles que d’autres…
Propos recueillis par Agnès Santi
Les Caisses de la Honte du 5 au 26 juillet à 11h25.
Tél : 04 12 29 01 24. Durée : 1h15.
Théâtre La Luna, 1, rue Séverine, 84000 Avignon.
Côté Rimbaud, du 5 au 26 juillet à 16h25.
Tél. : 04 12 29 01 24. Durée : 1h15.
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