Ambidextre de Pierre-Yves Macé

Si le volet musical du festival parisien aura été cette année très largement dominé par un hommage à l’œuvre de Luigi Nono, « Maître des sons et des silences », comme on peut le lire sur la plaque de sa maison du Zattere à Venise, la programmation nous réserve finalement d’autres aventures. En particulier, celle de la découverte d’une partition de Pierre-Yves Macé que Joséphine Markovits  qualifie « d’œuvre ludique » : Ambidextre. « Composée pour les élèves d’une classe de cinquième, l’œuvre nous entraîne dans l’imaginaire du Far West, auprès du mythique Billy the Kid. Les jeunes chanteurs répètent depuis février au fur et à mesure de l’écriture de la partition. Ils questionnent malicieusement, en chantant, la latéralité, celle du hors-la loi et celle des groupes qui constituent le chœur » précise la programmatrice musicale du Festival d’Automne.

Un Billy the Kid choral

Pour le compositeur Pierre-Yves Macé (né en 1980), qui a souvent composé pour la voix, mais signe pourtant ici pour la première fois une œuvre chorale, l’objectif a d’abord été d’échapper au cliché du chœur d’enfants : « Je voulais contourner cette dimension angélique qu’on lui rattache souvent, explique-t-il. Je cherchais une image de l’enfance plus âpre, mais aussi plus ludique. C’est pourquoi la figure de Billy the Kid m’a tout de suite intéressé par son ambiguïté. « Pas Billy the Kid » (de Julien d’Abrigeon, à la source littéraire du projet, ndlr) est une sorte de faux roman – son auteur le qualifie de “roman avorté”. C’est un agencement de fragments textuels, avec des jeux de mises en pages, des éléments qui se répondent, et énormément de références pop, à la musique et au cinéma : un texte très profus, et souvent très drôle, qui “tourne autour” de la figure de Billy the Kid, mais en négatif, en quelque sorte. Avec l’autorisation de l’auteur, je me suis livré à tout un travail de sélection, de réécriture, de recomposition du texte, de manière à obtenir le “livret” d’une espèce de western sonore » explique le compositeur. L’œuvre sera interprétée par l’ensemble L’Instant Donné et le chœur Jean-Philippe Rameau de Versailles (dirigés par Christophe Junivart) et encadrée par deux géants du XXème siècle : Luciano Berio (extraits des 34 Duetti pour 2 violons) et Karlheinz Stockhausen (Kontakte pour piano, percussion et bande).

J. Lukas