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Pierre Martot reprend son adaptation de l’essai de Camus, qui célèbre la passion de vivre malgré le chaos du monde et la mort en bout de course. Donnant vie à la pensée en mouvement, l’artiste réussit à allier de manière saisissante la clarté de l’intelligence et la beauté du partage.
Que représente l’œuvre de Camus, et singulièrement Le Mythe de Sisyphe dans votre parcours ?
Pierre Martot : Dans Le Mythe de Sisyphe, Albert Camus aborde la question qui ne m’a jamais quitté depuis le jour où j’ai été confronté au deuil, à l’âge de 20 ans : celle du sens de la vie. Et il la prend par tous les bouts, ai-je envie de dire, soient celui de la réflexion pure et celui des débouchés sur lesquels cette réflexion peut ouvrir dès l’instant où on découvre qu’elle bute nécessairement sur une forme d’impasse, un impossible à penser. Le chemin passe alors évidemment par l’action, qui peut prendre la forme de la création artistique – Camus tient dans Le Mythe de Sisyphe des propos particulièrement réjouissants sur le théâtre – ou de l’engagement.
Comment appréhendez-vous ce rocher que Sisyphe est condamné à pousser en tant qu’artiste et peut-être en tant qu’homme ?
PM.: Si on est d’accord pour envisager ce rocher comme l’image de la destinée qui est faite à chacun d’entre nous par le seul fait d’être né, disons que j’ai appris, au contact de ce texte en particulier et de l’œuvre de Camus en général, à ne plus « appréhender » ce rocher mais à l’aimer et à le respecter. Même si cela peut évidemment aller de pair avec des moments de fatigue, arrive toujours le moment où le désir d’exister parvient à s’imposer. Et c’est le cas aussi bien pour l’homme que je suis peut-être, que pour l’artiste que je cherche à être. Cela n’a pas toujours été le cas mais aujourd’hui, pour moi, il n’y a plus aucune différence entre les deux.
Comment passer de la page à la scène ?
PM.: J’ai attaqué la scène texte en main, et il est très vite apparu que cette pensée en mouvement en appelait d’elle-même à un acteur en mouvement. C’est la raison pour laquelle le personnage, appelons-le comme ça, ce pourrait être Albert Camus. Disons que c’est l’endroit où Albert Camus cherche à se faire le représentant de toute la communauté humaine. Moi, avec lui, je marche beaucoup. Comme Albert Camus appuie sa réflexion sur l’expérience vécue, il m’a fallu faire un gros travail de lecture de son œuvre et des rapports que celle-ci entretient avec son histoire personnelle. Parallèlement, il me fallait aussi repérer ce qui dans ma propre expérience me permettait de porter cette parole au plus près. Pour m’aider à marcher j’ai fait appel au meilleur directeur d’acteur que je connaisse, le plus sensible, le plus « voyant » : Jean-Claude Fall. Quant au temps de la représentation, il suit exactement celui de l’œuvre : un premier temps pendant lequel il s’agit de penser, suivi d’un second temps pendant lequel il s’agit de vivre. Avec, je l’espère, commun à ces deux mouvements, le plaisir : à la fois le plaisir de la pensée et celui de vivre.
Propos recueillis par Agnès Santi
les lundis et mardis à 21h, les jeudis à 19h. Tel : 01 42 78 46 42. Spectacle vu au Lavoir Moderne Parisien en octobre 2023. Durée : 1h05.
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