La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien /Avignon Off 2021

Peut-être Nadia de Pascal Reverte et Anne-Sophie Mercier

Peut-être Nadia de Pascal Reverte et Anne-Sophie Mercier - Critique sortie Théâtre Avignon Théâtre du Train Bleu
Pascal Reverte © Sophie Palmier

Théâtre du Train bleu / conception Anne-Sophie Mercier et Pascal Reverte / texte et mes Pascal Reverte

Publié le 3 juin 2021 - N° 290

Guidé par l’idée de la journaliste Anne-Sophie Mercier qui souhaitait porter au théâtre l’histoire de Nadia Comaneci, Pascal Reverte revisite le destin de « la petite fée de Montréal », entre mythe collectif et histoire intime, et en confie l’interprétation à un quintette olympique.

« Une biographie fantasmée qui interroge la capacité d’affranchissement. »

D’où vient cet intérêt pour Nadia Comaneci ?

Pascal Reverte : D’abord de la rencontre avec Anne-Sophie Mercier, mais aussi parce que j’ai toujours été fasciné par le point de rencontre entre l’histoire intime et l’histoire universelle. Aux J.O. de Montréal en 1976, une gamine sortie de nulle part, issue de la dictature communiste la plus dure qui soit, fait la nique à la terre entière en mondovision ! Émerge alors une légende, un mythe contemporain. Pour la première fois, une gymnaste obtient la note de 10 sur 10, affolant les ordinateurs ! Comment vivre normalement après ça ? Évidemment, Comaneci continue à être une grande championne, elle obtient encore la médaille d’or en 1980, mais on lui reproche d’avoir grandi, de ne plus être cette enfant au corps parfait dont on n’imagine pas le traitement qu’il a dû subir… Devenue objet de désir universel et outil de propagande en Roumanie – on lui prête même une relation avec le fils Ceaușescu – elle quitte son pays juste avant la révolution et s’exile aux États-Unis où elle s’intègre avec la foi de tous les convertis. Je vois en elle le corps poétique et politique du dérèglement : elle s’affranchit des lois physiques à une époque où l’on n’imagine pas que le communisme tomberait et que le libéralisme venait d’être libéré.

S’agit-il seulement d’un biopic ?

P. R. : Je n’ai aucune fascination pour ce genre. Il existe déjà une autobiographie, sorte de storytelling à l’américaine, ruisselante de pensée positive. Raconter sa vie était une entreprise vaine parce que ce qui est passionnant chez elle, ce sont les contradictions. Disons que Peut-être Nadia – et c’est bien le sens du titre – est une biographie fantasmée qui interroge la capacité d’affranchissement. Non pas de façon chronologique mais par bouffées d’émotions et hypothèses, jusqu’à semer le doute sur qui nous raconte son histoire. On avance comme quand on regarde un album de photos, dans la simplicité et la complexité du souvenir qui abolit le temps. J’ai écrit pour un quintette (Elisabeth Mazev, Aude Léger, Olivier Broche, Nicolas Martel et Vincent Reverte) qui m’a fait la joie de rester fidèle au projet malgré les vicissitudes de la pandémie. J’ai écrit pour leurs corps, leurs rythmes, leurs timbres de voix, en travaillant de manière organique avec Jane Joyet, Antoine Sahler, Julien Appert et Léandre Garcia Lamolla. Tous ont œuvré pour que le récit soutienne le paradoxe de la contradiction et de la fluidité, comme quand on se souvient des émotions passées.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Peut-être Nadia de Pascal Reverte et Anne-Sophie Mercier
du mercredi 7 juillet 2021 au dimanche 25 juillet 2021
Théâtre du Train Bleu
40, rue Paul-Saïn, 84000 Avignon

les jours impairs à 14h35.  Tél. : 04 90 82 39 06. Durée : 1h25.

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