LA FAVORITE
Un titre connu mais rarement donné de [...]
Une fascinante création de Nicolas Frize sur un texte de Marie Desplechin, servie par des amateurs formant un chœur et un vaste orchestre de sons.
Au tout début de l’œuvre s’éveille la conscience de ce qui fait son. Peut-être, ça va… arriver fait entendre une musique des corps : chaque mouvement, toute manipulation des objets du quotidien, ce qui d’ordinaire provoque le bruit peut ici devenir musique. Il y a en effet quelque chose de magique dans l’écriture musicale, mais cette magie n’est le plus souvent accessible qu’à la poignée de ceux qui en maîtrisent les signes. Le pari de Nicolas Frize est de permettre à tous de s’en emparer : les symboles portés sur la partition comme la gestuelle du chef d’orchestre (le compositeur lui-même) rendent la musique concrète. Aucun naturalisme pour autant : si, aux côtés des deux chanteurs et quatre instrumentistes professionnels, le peuple fait musicien joue d’« instruments » empruntés au « monde réel », c’est pour servir la musique, non pour se servir de l’objet.
L’art véritable d’être ensemble
Le texte spécialement écrit par Marie Desplechin joue avec le souvenir et l’oubli et se prête à toutes les modulations de voix, solistes ou chorales, du murmure à l’éclat. Parfois des chants, des monologues s’y insèrent, comme spontanément provoqués, portés par la ferveur musicale de l’ensemble. Nicolas Frize en obtient une extraordinaire présence : non pas une impossible virtuosité technique, mais une virtuosité de l’écoute et de l’attention, l’art véritable d’être ensemble.
Jean-Guillaume Lebrun
Un titre connu mais rarement donné de [...]