Marc Paquien met en scène une lumineuse Antigone
Marc Paquien, qui n’en est pas à sa première [...]
Sur la scène du Rond-Point, Fellag célèbre « la fraternité retrouvée » des Français et des Maghrébins. Un « cooking show » qui se joue des clichés pour faire tomber les murs de la peur et de l’incompréhension.
« La France et l’Algérie sont mon nombril du monde, les deux mamelles de ma mère Patrie » déclare Fellag. Tout, dans le nouveau one-man show que présente actuellement le comédien et écrivain d’origine algérienne au Théâtre du Rond-Point (la mise en scène est signée Marianne Epin), vient nourrir cette déclaration d’amour en explorant le double lien fondamental qui lie Fellag à ces nations. Tout vient pointer du doigt l’absurdité des fossés qui se creusent entre le Sud et le Nord, entre l’Islam et l’Occident, entre les Français de souche, comme on dit, et ceux dont les parents sont nés au Maghreb. La première parisienne de Petits chocs des civilisations a eu lieu le 11 septembre dernier, 11 ans après les attaques terroristes dont ont été victimes les Etats-Unis en 2001, quelques mois après les relents xénophobes de l’entre-deux-tours de la campagne présidentielle, au moment même où l’on apprenait l’existence du film islamophobe Innocence of Muslims. Même si Fellag n’aborde jamais frontalement ces événements, ils planent en permanence sur un spectacle qui, à travers le prisme des relations franco-algériennes, fait du rire un formidable levier politique.
L’absurde à la rescousse du politique
Car c’est bien sûr par l’humour que le comédien nous réunit, se moquant de nos différences avant de les aplanir pour nous ramener au tronc commun de l’humanité. Cet humour se teinte tour à tour de dérision, de tendresse, de cocasserie, de provocation. Cet humour vise à démontrer que nous sommes tous pareils – Maghrébins et Français, musulmans et non-musulmans – tous soumis aux mêmes défauts, à la même peur de l’autre, tous enclins à nous barricader derrière les murailles du communautarisme. Dans le contexte actuel d’islamophobie croissante, Petits chocs des civilisations se vit comme une joyeuse bouffée d’oxygène. Baladant sur le plateau ses airs bonhommes et sa décontraction, Fellag fait naître des tas d’images, des tas de péripéties. Il quitte l’Algérie pour arriver à Paris, via Marseille, s’installe dans un train, entre chez un épicier arabe, puis enfile toque et tablier pour se mettre à cuisiner un couscous sous nos yeux. Tout cela ne cède jamais aux sirènes de la bonne conscience ou du sentimentalisme. Dynamitant les clichés qui engluent nos esprits, ce « cooking show » ne reconnaît qu’une seule voie : celle d’un sens de l’absurde vivifiant.
Manuel Piolat Soleymat
Marc Paquien, qui n’en est pas à sa première [...]