La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Persona

Persona - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville
Le collectif les Parvenus est au Théâtre de Belleville avec Persona CR : Andy Julia

Théâtre de Belleville / Collectif Les parvenus

Publié le 23 mai 2018 - N° 266

De qualité honnête dans son genre, Persona marque peut-être aussi les limites de ce que peut accomplir le théâtre d’improvisation.

Peut-on improviser une heure et demie durant une pièce de qualité ? Telle est la question qui se pose après avoir vu Persona, proposé par le collectif les Parvenus. Par définition, le théâtre d’improvisation modifie sensiblement ce qu’il donne à voir d’un jour à l’autre. On ne tirera donc pas des conclusions hâtives d’une seule représentation. Néanmoins, le défi que tente de relever le collectif semble dès le départ un peu démesuré. Une fréquentation très épisodique du territoire du théâtre d’improvisation m’empêche d’être catégorique, mais cet art s’exerce le plus souvent avec des canevas utilisés sur des périodes réduites, lors notamment de ces fameux matchs où des équipes s’affrontent. Dans Persona, au contraire, sous la houlette d’Anaelle Tribout Dubois, quatre comédiens improvisateurs se voient attribuer chacun un caractère, choisi par les spectateurs parmi une liste dressée par la metteuse en scène, et, dans une situation de départ également définie par le public, ils improvisent une pièce d’une heure et demie qui prend pour cadre un dîner se déroulant chez l’un d’eux.

Quatre comédiens improvisateurs le temps d’un dîner

Ce soir-là, c’est donc Laurent qui reçoit. Suivant le choix effectué en direct par les spectateurs, il a décidé de faire un don de sperme à un couple d’amis qui éprouve des difficultés pour avoir un enfant. Sur scène, il y a ce couple formé d’une épicurienne et d’un battant, Laurent l’hôte romantique et Max le justicier. Très vite, le spectateur se retrouve en tension, comme connecté à l’effort que doivent fournir les comédiens pour inventer en direct des situations claires et tricoter des dialogues piquants. Ces comédiens ont quelques rendez-vous – de temps en temps, ils s’isolent seuls ou à deux – qui leur permettent d’alterner monologues et duos avec les scènes collectives se déroulant autour de la table du dîner. Le rythme est soutenu. Dans un souci de variété, on invente un passé pour reconstituer l’histoire de ces quatre amis, et quelques scènes musicales et chorégraphiées font reprendre son souffle à chacun. Si l’ensemble est bien pensé, et pour finir fait tomber les masques de la comédie sociale, la qualité de l’intrigue et celle des dialogues laissent cependant à désirer. Difficile d’échapper au commun, à l’ordinaire, au vulgaire même parfois, aux clichés psychologisants et aux disputes mille fois vues pour improviser une telle aventure. Si bien que petit à petit, faute de rebondissements supplémentaires, l’intrigue tourne en rond. L’empathie pour l’effort d’invention réalisé en direct s’estompe, et laisse place à une forme d’ennui.

Eric Demey

A propos de l'événement

Persona
du dimanche 6 mai 2018 au mardi 26 juin 2018
Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

lundi et mardi à 21h15, également le dimanche à 20h30 jusqu’au 29 mai. Tel : 01 48 06 72 34. Durée : 1h30.

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