Studio Ermitage
Trois temps de la programmation du mois.
Mohamed Abozekry et Driss El Maloumi
Instrument millénaire, le luth oriental sait aussi sans se renier s’ouvrir de nouveaux horizons quand il est servi par des instrumentistes et musiciens d’exception, enclins à la rencontre et à l’expérimentation. Le jeune égyptien Mohamed Abozekry et son groupe Heejaz et le jeune vétéran Driss El Maloumi d’Agadir sont prochainement en concert à Paris.
C’est auprès du grand maître irakien Nasser Shamma, fondateur de la célèbre maison du luth arabe (Beit el Oud) au Caire, première école du genre exclusivement dédiée à l’apprentissage de cet instrument, que l’égyptien Mohamed Abozekry, 24 ans, a construit son exceptionnel art instrumental. Un talent virtuose qui lui a valu, très jeune, à l’âge de 18 ans, la distinction de meilleur oudiste du monde arabe au Concours international de Damas. Ce jeune artiste installé en France depuis 2009 (et la poursuite de ses études de musicologie à Lyon) incarne une vision ouverte et métissée de son instrument, qui, au contact des membres de son Heejaz Quartet – composé des français Benoît Baud au saxophone, Anne-Laure Bourgetaux aux percussions (tablas, derbouka, cajon, daf), Hugo Reydet à la contrebasse et Ludovic Yapoudjian au piano – infiltre avec subtilité et générosité des territoires musicaux inexplorés, qui doivent autant aux musiques tziganes, indiennes, flamenco ou au jazz contemporain qu’à la tradition arabe.
Du Caire à Agadir
De 20 ans l’aîné de Mohamed Abozekry, le marocain Driss El Maloumi fait déjà figure de référence, de sage esthète. Instrumentiste de premier plan, ambassadeur et porteur de la grande tradition musicale savante arabe, ce natif d’Agadir (où il dirige aujourd’hui le conservatoire) s’est véritablement affirmé et épanoui comme artiste offrant en permanence à sa musique des défis nouveaux. La diversité et le prestige de ses collaborations, de Jordi Savall à Paolo Fresu, de Ballake Sissoko à Montserrat Figueras ou Daniel Mille (et tant d’autres), en attestent. Pour ce concert unique à Paris dans cette formation, il réunit le trio constitué de Lahoucine Baquir et Said El Maloumi (percussions et chœurs) de son magistral dernier enregistrement en date : « Makan ». Le répertoire est entièrement voué à ses propres compositions, magnifiquement inspirées et souvent imprégnées de subtils parfums andalous et berbères. Deux voyages à travers l’âme et les sons de la Méditerranée…
J.-Luc Caradec
Musée du Quai Branly.Mohamed Abozekry. Dimanche 24 janvier à 17h. Tél. 01 56 61 71 72.
Théâtre des abbesses. Driss El Maloumi. Samedi 30 janvier à 17 h. Places : 9 à 19 €. T2l : 01 42 74 22 77.
Trois temps de la programmation du mois.