Le syndrome Ian
Après le folklore affiché dans d’après une [...]
D’une virtuosité époustouflante, d’une maîtrise parfaite, OCD Love campe une humanité mystérieuse, d’où surgissent d’impossibles chimères, d’ambigus désirs.
OCD Love est inspiré par un texte du poète Neil Hilborn. Il décrit une relation dans laquelle une femme amoureuse finit par être exaspérée des troubles obsessionnels compulsifs (OCD en anglais) du narrateur. « Je ne pouvais m’arrêter de le lire. » raconte Sharon Eyal, « Je le voyais déjà comme une chorégraphie, ou un moule dans lequel on pourrait verser son inspiration et une part de soi ». Dans la pénombre apparaît une femme enserrée dans un faisceau lumineux. Par un mouvement très lent, elle déploie ses bras sur son corps ramassé comme un oiseau immense prêt à prendre son envol. Peu à peu, la gestuelle s’étire infiniment, et Mariko Kakizaki allonge ses formes musculeuses. La gestuelle conjugue organicité, mouvements arrêtés, ruptures d’équilibres constantes, conférant à l’ensemble une animalité étrange qui raréfie l’air autour d’elle. Toujours aussi lentement, un homme entre dans son espace mais séparé d’elle, comme un fantôme ou une apparition. Ils se croisent sans se voir.
Une pierre sombre dans la poitrine
Bientôt rejoints par les quatre autres danseurs, la danse se fait vibrante, hypnotique, apparaissant parfois comme une parade nuptiale d’oiseaux exotiques, parfois comme une transe ou un rituel chamanique. Ils se déplacent dans un souffle commun, formant comme une ombre répercutant les mouvements de la danseuse principale, qui ne peut s’y soustraire, malgré sa lutte constante pour y échapper. Tout en hyper-extensions du dos, des bras, dans des cambrés élégiaques, la chorégraphie passe de l’extase à des mouvements tranchants, arrêtés dans l’élan avec une précision de scalpel. Au fond, Eyal traduit parfaitement dans les corps ces troubles de l’esprit qui pervertissent le mouvement, l’entraînent dans le dérèglement des sens. D’une beauté grave qui frôle une atmosphère de fin du monde, Sharon Eyal livre une pièce précieuse « comme une pierre sombre logée dans ma poitrine » dit-elle. Et c’est juste.
Agnès Izrine
Mer. 26, Jeu. 27, Ven. 28 à 22h00, Sam. 29 à 20h30. Tél. : 01 53 65 30 00. Durée 55 minutes. Spectacle vu le 13 décembre 2016. Monaco Dance Forum, Grimaldi Forum, Monaco.
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