La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien

O.V.T.R. (On Va Tout Rendre), rencontre avec Gaëlle Bourges

O.V.T.R. (On Va Tout Rendre), rencontre avec Gaëlle Bourges - Critique sortie Danse Paris Atelier de Paris
Crédit : Danielle Voirin Les six Cariatides entre histoire antique et présent

Création 2020 / chor. Gaëlle Bourges

Publié le 30 novembre 2020 - N° 288

Début 19e : l’aristocrate britannique Lord Elgin entreprend un grand chantier de pillage des œuvres de l’Acropole surplombant Athènes. Gaëlle Bourges donne corps aux Cariatides, victimes et témoins d’une Histoire qui se réécrit au fil du temps.

Où se situe O.V.T.R. dans votre démarche ? Cultivez-vous un rapport descriptif à l’œuvre ou sommes-nous dans une autre histoire ?

Gaëlle Bourges : Au-delà de la description, j’ai toujours cherché un rapport critique à l’œuvre dont je m’empare. Dans O.V.T.R. On Va Tout Rendre, je mets moins l’accent sur ce qu’étaient ces sculptures à leur époque que sur l’histoire de leur démantèlement. L’aspect critique prend plus d’ampleur parce que j’ai gagné en confiance au fil du temps, et aussi parce que ma colère gronde de plus en plus fort. Je suis en l’occurrence préoccupée par la question de la restitution des œuvres pillées par les guerres, la colonisation.

On reste sur la question des rapports de domination qui vous tient à cœur, au-delà de celle de la colonisation…

G.B. : Avec la Grèce, cela m’amusait de contourner l’angle Nord-Sud pour un rapport intra-européen, même si je triche puisque  la Grèce faisait alors partie de l’Empire Ottoman. Dans le spectacle, nous suivons l’histoire de ce pillage, voire de ce fantasme européen qui se crée peu à peu, en incarnant les six Cariatides, qui deviennent aussi les dé-constructeurs du site. En même temps, un performeur à l’avant-scène et un musicien déroulent la narration de cette histoire à travers des lettres de l’époque, un feuilleton tout à fait haletant !

« J’ai toujours cherché un rapport critique à l’œuvre dont je m’empare. »

Y a-t-il eu un travail de corps différent par rapport aux précédentes pièces ?

G.B. : On change d’états de corps selon les œuvres que l’on traverse. J’arrive sans présupposé avec des images, des livres, des photos… Nous regardons les poses, commençons à les prendre, étudions ce qu’induit le dispositif scénique, par exemple les praticables qui vont nous mettre en hauteur avec les Cariatides. Ces contraintes vont déterminer un état de corps, telle la lenteur, qui peut donner à voir le temps qui passe. Nous avons inventé une partition d’actions en lissant les mouvements, sans acmé, sans à-coup, dont les bras et les jambes seraient des extrémités fluides, sans hiérarchie entre les parties du corps. Entre nos lourdes perruques et nos grosses chaussures, nos corps sont arrimés dans deux directions différentes. Il faut que ça circule, sans se laisser empeser par l’histoire antique, ni engluer dans le présent contemporain.

 

Propos recueillis par Nathalie Yokel

A propos de l'événement

O.V.T.R. (On Va Tout Rendre), rencontre avec Gaëlle Bourges
du mardi 15 décembre 2020 au mercredi 16 décembre 2020
Atelier de Paris
route du Champ de Manoeuvre, cartoucherie 75012 Paris

Et aussi du 16 au 19 février 2021 au Théâtre de la Ville, Paris

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