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Avignon / 2025 - Entretien / Marlene Monteiro Freitas
Dans la Cour d’honneur du palais des Papes, la chorégraphe capverdienne s’empare des Mille et une nuits pour y ajouter une nuit supplémentaire, la sienne.
Pourquoi avoir choisi comme thème Les Mille et Une Nuits ?
Marlene Monteiro Freitas : M’inspirer des Mille et Une Nuits est venu spontanément, quand j’ai appris que l’arabe était la langue invitée de cette édition. Je voyais dans cette œuvre-monde de la littérature orientale un exercice de survie. J’ai vite compris que l’œuvre était beaucoup plus complexe que je l’avais imaginé, notamment quand j’ai découvert à quel point celle-ci était elle-même « étrangère » par excellence, constituée de contributions, de récits d’origines diverses, arabes, certes, mais aussi persanes, indiennes… Et au-delà même du monde musulman, chrétiens, juifs y constituent une collectivité de langues et de cultures.
Avez-vous procédé à un découpage, choisi certains contes plutôt que d’autres ?
M.M.F. : Les histoires m’ont séduite, mais c’est le concept global des Mille et une nuits qui m’a attirée. Bien sûr, je me suis attachée à certaines d’entre elles, mais souvent, cela dépend aussi des éditions de leurs traductions, de leurs expurgations. Celles que j’ai sélectionnées sont celles qui peuvent ouvrir la voie à des idées chorégraphiques. Mais ce texte est aussi passionnant pour sa structure que pour son contenu. Il y a une mise en abyme permanente ! De plus, les récits s’engendrent, se croisent et se contredisent dans un suspens fascinant.
Quels sont vos préférés ?
M.M.F. : J’aime beaucoup Les Trois sœurs, mais d’une manière générale, les contes de la première partie de l’ouvrage me paraissent plus actifs, pleins de métamorphoses, plus inquiétants. Et surtout, ils déclenchent une sensation singulière où l’on n’attend plus ce qui va arriver ensuite – soit le ressort même du suspens – car ils induisent une forme narrative surprenante qui nous oblige à nous interroger. Que se passe-t-il ? Qu’est-on en train de me raconter ? Que suis-je en train de lire ? Une histoire en recèle d’autres qui prolifèrent… Dans la dernière partie, la forme me paraît plus étale, plus linéaire, on ne se perd pas autant…
Pourquoi l’avoir intitulé NÔT (la nuit en créole capverdien) ?
M.M.F. : Au-delà des Mille et une nuits, c’était aussi pour moi la nuit comme promesse de l’aube, et dénouement du crépuscule. Dans ce laps de temps incertain, nos repères s’effacent, la réalité est appréhendée différemment, soit à travers les rêves, soit par le jeu de l’obscurité. Un brouillage de nos affects, de nos pensées, comme un jeu de transformation, peut-être entre identité et altérité, qui propose une ouverture vers l’inconnu.
Avez-vous prévu une scénographie pour la Cour d’honneur ?
M.M.F. : Nous travaillons sur une scénographie très particulière. Mais nous sommes encore en période d’essais. La Cour d’honneur est un espace de mémoire, fantastique, incroyable, mais aussi fantasmagorique. Le défi de ce lieu n’est pas seulement la grandeur et surtout la largeur du plateau, ou le fait d’être à ciel ouvert. C’est surtout que les yeux des spectateurs sont très loin de ceux des performeurs. On peut voir des images, des corps, mais le regard… Nous travaillons donc avec des éléments très concrets, et sur l’édifice. Reste cette part d’incontrôlable, c’est la beauté de cette chose qui pousse chaque fois à se lancer des défis.
Que signifie pour vous être « artiste complice » du festival ?
M.M.F. : J’ai constitué une liste d’artistes que j’admire et que j’imaginais pouvoir vibrer ensemble dans ce magnifique Festival d’Avignon. C’est un festival qui se passe entre les murs de la ville, mais qui ne cesse de casser les murs. Et je pense que cette idée d’un festival qui franchit, qui est en mouvement, qui permet de la mobilité, est merveilleuse. C’est un très grand honneur pour moi de faire partie de cette aventure.
Propos recueillis par Agnès Izrine
à 22h, relâche le 7.
Tél. : 04 90 14 14 14.
Durée : 1h45.
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