Ni Dieu, ni maître, ni femme, ni amis, ni rien, ni moi, ni eux et Basta !

De l’Espagne d’où monte la colère, des soirs de débine du marasme alcoolique, de l’étranger où l’on est chez soi quand chez soi c’est l’exil, et que l’exil c’est partout, coulent les musiques et les mots de Ferré. Pour voguer sur ce fleuve-là, il faut un bateau ivre et des navigateurs aguerris, ainsi que ce grain de folie indispensable, ce souffle libertaire qui gronde dans la voix et le geste, fait glisser le rire jusqu’au sanglot et transforme la colère en douceur énigmatique. Philippe Lejour et Céline Rouaud, accompagnés par les musiciens Sejé et Cyril s’emploient, sous la direction de Marc Prin, « à réinventer le motif et à retrouver le gestus du poète », en un spectacle qui module les effets de cette « matière brute en développement et/ou en déchirement ». Les mots deviennent musique, les notes font sens et tout est émotion.

Catherine Robert