« Dans le silence des paumes » : un hommage aux femmes du labeur par Florian Pâque
Entre théâtre documentaire et création [...]
Dans le sillage du projet collectif L’Encyclopédie de la Parole, Joris Lacoste crée un nouvel opus, kaléidoscope plus ou moins attendu déroulant le flux d’une médiatisation superficielle.
Conçu à partir de toutes sortes d’enregistrements sonores collectés ici ou là, le projet collectif L’Encyclopédie de la Parole (2007-2020) imaginé par Joris Lacoste a donné naissance à une série de partitions spectaculaires et performatives explorant l’oralité sous toutes ses formes. Poursuivant cette voie d’une théâtralité singulière fondée sur la parole, ce nouvel opus agrège et juxtapose des éclats de mots hétérogènes, fragmentés, ultra référencés, initiant la représentation par une longue énumération. Celle-ci se ramifie en divers développements qui suivent plus ou moins la même veine. Lors de la scène inaugurale, les neuf protagonistes interprétés par Daphné Biiga Nwanak, Camille Dagen, Flora Duverger, Jade Emmanuel, Thomas Gonzalez, Léo Libanga, Ghita Serraj, Tamar Shelef et Lucas Van Poucke, adeptes du grand tout – voire du grand rien – entament ainsi une litanie, d’abord sur voix de synthèse à la manière de Laurie Anderson. Ils et elles citent pêle-mêle « un exercice de Tai Chi« , « un candidat à l’eurovision », « la prise de Constantinople », « un fusil de chasse chargé« , « un courrier indésirable« … Puis déclarent ouvert le nexus de l’adoration, soit une cérémonie supposée connecter les êtres : la frontière entre personne et personnage se brouille ici volontiers. En donnant à entendre cette multiplicité, le metteur en scène vise à « accueillir de l’hétérogène », à créer un lieu utopique, ouvert, incluant.
Une voie mainstream qui dépersonnalise
Après l’entame et sa liste disparate, les « officiants » en costumes bigarrés – Thomas Gonzalez en chemise, cravate, slip noir et cuissardes, au jeu précis et drôle, ses acolytes en couleurs plutôt fluo ou en tenue sportive – poursuivent leurs prises de parole en adoptant divers codes de représentation. Parfois chantent, dansent ou jouent d’un instrument. Tout cela ne raconte pas vraiment le monde, mais plutôt sa médiatisation incessante, dans une superficialité affichée, dans une voie mainstream pas si surprenante et diverse que ça, pétrie de sillons bien tracés, aujourd’hui en 2025 en France. Sorte de cadavre exquis qui se plairait à surfer sur le flux des réseaux sociaux, tout se télescope, de la mort sous un bombardement aux cosmétiques. De rares fulgurances surgissent, lorsque les mots font place à une véritable expression de soi, avec des phrases autres que nominales (dont la touchante confidence portée par Tamar Shelef). Certaines collisions provoquent le rire, pouvant masquer une forme de déprime. Plus qu’une célébration revendiquée de la pluralité, ce kaléidoscope dévide ses effets, qui lassent puis reprennent finalement un peu de vigueur. Est-ce intéressant ? Ça se discute…
Agnès Santi
à 18h. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 2h15.
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