Neeme Järvi et Bernard Haitink, monstres sacrés
GROS PLAN
Publié le 19 octobre 2016 - N° 248L’Orchestre national de France invite deux grandes figures de la direction d’orchestre, deux personnalités charismatiques avec lesquelles il entretient une relation forte depuis de très nombreuses années.
Neeme Järvi a, sans contestation possible, joué un grand rôle dans la diffusion à travers le monde de répertoires méconnus. Dans les années 1980 et 1990, ses très nombreux enregistrements ont contribué à révéler toute une géographie musicale, centrée sur les compositeurs nordiques (Sibelius bien sûr, mais aussi Berwald, Stenhammar, Nielsen, Arvo Pärt…) et sur les grands symphonistes russes (Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke…). Et bien que le répertoire du chef estonien soit immense – il ne dédaigne ni Mozart ni la musique française et a beaucoup dirigé le répertoire américain – c’est souvent vers ces territoires favoris qu’il emmène les musiciens et le public de l’Orchestre national de France. Avec sa battue très particulière, tout en rondeur, il obtient des musiciens des sonorités puissantes, fortement colorées, qui conviennent bien aux pages les plus épiques. De ce fait, la vaste fresque de la Septième Symphonie dite « Leningrad » de Chostakovitch, qu’il dirige après la relativement rare Suite « Mozartiana » de Tchaïkovski, est attendue avec impatience.
Puissance et rondeur, transparence et sobriété
Le geste est beaucoup plus sobre chez Bernard Haitink, mais non moins efficace. Précise mais toujours porteuse de souffle et de clarté, la direction du chef néerlandais témoigne d’une grande exigence, d’une musicalité jamais prise en défaut. Avec lui, le répertoire classique et romantique (au sens large : de Haydn à Chostakovitch, en passant par Brahms, Bruckner et Mahler) a trouvé une voix différente, inimitable, entre plénitude sonore et introspection analytique. Mais la musique française va aussi à merveille à ce maître de la nuance et de la transparence : son Pelléas et Mélisande (en version de concert, immortalisé au disque, puis mis en scène par Jean-Louis Martinoty au Théâtre des Champs-Élysées) est un miracle d’équilibre et de poésie. On ne peut donc que se réjouir d’entendre le chef de 87 ans retrouver l’Orchestre national de France et le Chœur de Radio France dans le Gloria de Poulenc et surtout le ballet Daphnis et Chloé de Ravel.
Jean-Guillaume Lebrun
A propos de l'événement
Neeme Järvi et Bernard Haitink, monstres sacrésdu jeudi 10 novembre 2016 au jeudi 17 novembre 2016
Maison de la Radio
116 Avenue du Président Kennedy, 75016 Paris, France
Jeudi 10 et jeudi 17 novembre à 20h. Tél. : 01 56 40 15 16.