Ne vois-tu rien venir ?

La plupart des mères le savent : dès que leur enfant naît, l’inquiétude les taraude : « peur qu’il leur arrive quelque chose, peur de ne pas pouvoir les protéger assez, de, de… Mais si, un jour, il arrive vraiment quelque chose à l’un de leurs enfants, alors, il se passe ce phénomène particulier : la peur, chez elle, devient une extraordinaire force ». Ce « quelque chose » évoqué par l’écrivaine Souâd Belhaddad, c’est en l’occurrence le départ d’un fils pour la Syrie, dans un monologue nourri d’une campagne d’entretiens menés avec des habitantes de Seine-Saint-Denis. Comment annoncer la nouvelle ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Pourquoi personne n’a rien vu ? Ou si quelqu’un a vu, pourquoi s’est-il tu ? Le metteur en scène Christophe Moyer décortique ces questions très actuelles qui explorent « la force, la solidarité, l’attachement à un environnement, l’histoire familiale, et la peur ». C’est à la comédienne Caroline Maydat qu’il revient d’incarner ce texte en forme de tragédie moderne.

Isabelle Stibbe