« Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze » de et avec Chloé Olivères
Née dans les années 80, Chloé Olivères se [...]
À partir de leur correspondance, la pianiste Anne Wischik reconstruit la relation du compositeur avec Nadejda von Meck, portée avec passion par la comédienne Flora Thomas.
Tchaïkovski est depuis longtemps un personnage de fiction. Sa biographie impossible, hantée par les ombres – la mort de sa mère, son homosexualité plus ou moins dissimulée, l’alcool, sa propre mort même –, donne moins de force à la vérité historique qu’à l’invention littéraire et dramatique. Ses biographes sont d’abord des écrivains (Nina Berberova, Henri Troyat…), et son personnage de génie tourmenté intéresse les cinéastes, de Ken Russell (Music Lovers) au tout récent film de Kirill Serebrennikov, La Femme de Tchaïkovski. Le spectacle d’Anne Wischik choisit de s’en tenir à la relation entre le compositeur et la baronne Nadejda von Meck, documentée par treize années d’une correspondance suivie. C’est précisément par la lecture de ces lettres que prennent vie sur scène les deux protagonistes. Tantôt cherchant à sa table les mots pour dire son admiration au compositeur et lui assurer son soutien amical et matériel, tantôt lisant fébrilement les réponses de son protégé, qui la ravissent ou la désolent, Flora Thomas donne au personnage de Nadejda un caractère éruptif, à fleur de peau, accentué par le récit condensé en une heure de treize années de vie.
Passion musicienne
La réussite du spectacle tient pour beaucoup à l’intelligente articulation des lettres et de la musique, œuvres originales ou transcriptions. Au piano, de trois-quart dos, laissant voir avant tout le texte des partitions, Anne Wischik donne à entendre la musique dont parlent les lettres (le Concerto en si bémol, le Souvenir d’un lieu cher, des pages de Mozart ou Debussy) mais aussi celle qui s’accorde aux émotions des personnages. La pianiste est ainsi à la fois ombre et lumière, celle par qui la musique, objet véritable de cet amour épistolaire, triomphe au-delà de la rupture et de la mort. Elle replace Tchaïkovski, non pas l’homme mais le compositeur, au cœur de la narration. Au fond – et c’est un geste magnifique trouvé par la mise en scène d’Emmanuelle Bougerol – Piotr Ilitch et Nadejda ne se toucheront qu’à travers la musique, quand Anne Wischik laisse le clavier à Flora Thomas pour jouer la transcription de la Quatrième Symphonie, dédicace envoyée à sa mécène par le compositeur. On comprend alors que la passion musicienne est celle aussi de l’équipe de ce beau spectacle.
Jean-Guillaume Lebrun
à 11h. Tél : 04 65 87 07 69. Spectacle vu à l’Essaïon Théâtre le mercredi 15 février 2023.
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