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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Mon dernier cheveu noir de Jean-Louis Fournier

Mon dernier cheveu noir de Jean-Louis Fournier - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point

Entretien Jean-Louis Fournier
de Jean-Louis Fournier/ mes Anne Bourgeois

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

Réalisateur et écrivain révélé au grand public avec Où on va papa ? qui avait reçu le prix Fémina en 2008, Jean-Louis Fournier remonte sur scène avec un spectacle sur la vieillesse, Mon dernier cheveu noir mis en scène par Anne Bourgeois. Entretien iconoclaste avec un homme à l’humour décapant.

Jean-Louis Fournier, ça fait quoi d’avoir bientôt 74 ans ?

Jean-Louis Fournier : Ça fait mal, très mal, et en même temps, on n’y croit pas. Quel que soit l’âge qu’on ait, on a l’impression qu’on n’a pas eu assez d’années pour s’y habituer. C’est un truc bizarre le temps. Mais pas entièrement mauvais. J’adore ce mot de “patine“ que Gide définissait ainsi : « c’est la beauté qui vient avec le temps ». Avec mon spectacle, je voudrais remettre un peu la vieillesse à la mode. Moi, je passe mon temps à dire que j’ai cent ans, comme ça on me dit que je ne les fais pas.

Ça fait quoi d’être monté sur scène pour la première fois à 72 ans ?

J-L.F. : Je voulais faire du théâtre quand j’étais jeune. J’adorais les comédiens. En étant réalisateur, j’ai pu faire travailler des comédiens. Et c’est presque une récompense à mon âge de terminer à l’endroit où je voulais aller. Je n’oublierai jamais la première fois que je suis monté sur scène. C’était épouvantable tellement j’avais peur. Et puis les gens ont eu l’air content de me voir.

« Je me mets de l’encre dans la bouche et je parle »

Ça fait quoi d’être régulièrement comparé à Pierre Desproges, avec qui vous avez beaucoup travaillé ?

J-L.F. : Ça commence à se calmer. J’avais poussé dans l’ombre de l’arbre mais le fait d’avoir obtenu un prix littéraire m’a fait rentrer dans la cour des grands. Et puis c’était un baroque, il faisait des phrases alambiquées quand je travaille plus par indépendantes. Si bien que le passage de l’écrit à l’oral se fait naturellement pour moi. Je dis souvent que pour écrire, je me mets de l’encre dans la bouche et je parle.

Et pour finir, mon dernier cheveu noir, ça fait quoi ?

J-L.F. : Capillairement, je préfère être héron cendré que corbeau noir. Quant à mon spectacle, je pense que l’on aime mieux les faux méchants que les faux gentils. Ça m’agace cette époque où l’on met des guillemets partout. Il y a une espèce de coalition du silence qui fait qu’on n’ose plus appeler un chat un chat. Mais si je n’aime pas la bêtise, je crois aussi que ça se sent que je ne suis pas méchant, si bien que les gens rient.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Mon dernier cheveu noir de Jean-Louis Fournier
du mercredi 17 octobre 2012 au samedi 10 novembre 2012
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris

Du 17 octobre au 10 novembre à 18h30. Relâche les lundi, les 21 octobre et 1er novembre. Tél : 01 44 95 98 21.
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