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critique - opéra mis en scène - festival d'aix-en-provence
Le Festival d’Aix-en-Provence fait entrer à son répertoire Moïse et Pharaon de Rossini, dans une mise en scène de Tobias Kratzer qui prend le parti de la parabole politique contemporaine, non sans céder à certaines facilités. Sous la direction de Michele Mariotti, la distribution vocale réserve des bonheurs divers.
Inspiré par l’épisode de l’émancipation des Hébreux vers la Terre Promise tiré du Livre de l’Exode, l’opéra biblique de Rossini Moïse et Pharaon, jalon dans l’évolution d’un genre dont la postérité culminera avec le Nabucco de Verdi, se prête à la fresque politique. Sur la scène du Théâtre de l’Archevêché, Tobias Kratzer transpose l’errance du peuple juif en celle des migrants d’aujourd’hui sur les mêmes rives de la Méditerranée. Divisant le plateau en deux, avec d’un côté les tentes et tôles d’un camp de fortune, et de l’autre, des costumes-cravates dans un open space, sous les néons de Bernd Purkrabek, la scénographie de Rainer Sellmaier illustre le clivage entre Hébreux et Egyptiens avec une lisibilité certaine, à défaut d’originalité. Mais les facilités finissent par prendre le dessus en deuxième partie : un écran diffuse une boucle de catastrophes naturelles – accentuées par la réchauffement climatique anthropique – ou encore l’annonce du mariage arrangé entre le fils du Pharaon et la princesse Elégyne par le truchement d’un profil de réseau social. Et c’est évidemment par le biais de la vidéo de Manuel Braun que, dans le dernier acte, les flots s’ouvriront pour les compagnons de Moïse et noieront l’armée de cadres supérieurs égyptiens, avant que le choeur des rescapés en gilets de sauvetage ne se répartissent au milieu du public face à une plage d’égoïstes touristes sur transats.
Un spectacle édifiant
Dans cette édification portée par une direction d’acteurs efficace, Michele Pertusi impose un Moïse d’une belle présence, à l’autorité patriarche et au timbre désormais émérite. Adrian Sâmpetrean lui oppose un Pharaon robuste, mais non téméraire. Jeanine De Bique confie à Anai la séduction d’un fruité créole, contraint par une émission vocale trop serrée pour laisser s’épanouir l’intelligibilité du chant, que Pene Pati, tout juste remis d’une infection au covid, est sans doute le seul de la soirée à affirmer avec une fluidité aussi naturelle que son lyrisme lumineux – malgré quelques scories. Vasilisa Berzhanskaya est saluée par des aficionados enthousiastes pour la virtuosité nerveuse et nourrie de sa Sinaïde. Mert Süngü réserve un Eliézer mordant, aux côtés des interventions un peu raides d’Edwin Crossley-Mercer en Osiride. Préparé par Richard Wilberforce, le Choeur de l’Opéra de Lyon constitue un maillon essentiel d’une partition dirigée par Michele Mariotti avec une souplesse expressive qui compense les simplifications d’un spectacle acquis à la bonne conscience.
Gilles Charlassier
Festival d'Aix-en-Provence à 21h30. Durée : 3h50. Tél : 08 20 92 29 23.
Reprise à l'Opéra de Lyon du 20 janvier au 1er février 2023.
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