Scènes de rue
Pour la 21ème année, Scènes de rue fait du [...]
Le circassien Yoann Bourgeois présente un spectacle déambulatoire à l’Espace Pierre-Cardin. Une nouvelle suite de recherches autour du point de suspension.
Vers quel point de fuite tendent les différentes parties du parcours-spectacle que vous avez imaginé pour le Théâtre de la Ville ?
Yoann Bourgeois : Minuit et demi investit trois lieux de l’Espace Pierre-Cardin dans lesquels je mets en place des dispositifs physiques différents, mais qui ont tous en commun de rendre perceptible un point de suspension. D’ailleurs, le sous-titre du spectacle, Tentatives d’approches d’un point de suspension, est le titre générique que j’ai donné à l’ensemble de ma démarche artistique.
Quels seront ces dispositifs ?
Y.B. : Ils dresseront tous des formes de portraits d’individus. Je vais d’ailleurs utiliser, en bande son, un texte magnifique d’Edouard Levé qui s’appelle Autoportrait. Il y aura une première partie intitulée 1-1, qui regroupera deux dispositifs. Le premier des deux présentera une personne – moi en l’occurrence – plongée dans un tube d’eau de trois mètres de haut, comme un tube à essai géant. Ce dispositif permettra de me voir dans l’eau, comme en apesanteur, sous toutes sortes d’angles. Il dialoguera avec un autre dispositif, la balance de Lévité, qui permet également de mettre un individu en suspension, cette fois-ci dans les airs.
« Pour moi, le point de suspension n’est pas une thématique, mais vraiment une recherche d’existence. »
1-1 aura lieu dans la cour de l’Espace Pierre-Cardin, les deux autres parties se tiendront à l’intérieur du bâtiment…
Y.B. : C’est ça. La deuxième partie, appelée 1+1, prendra place dans un studio de répétition. Elle présentera un dispositif pour deux individus, un homme et une femme, qui essaieront de s’asseoir sur un plateau en bois. Je dis « essaieront », car ce plateau a pour particularité de reposer sur un point central. Ce qui veut dire que le moindre des gestes effectués par cet homme et cette femme déstabilisera l’ensemble. Dans ce genre de circonstances, chaque mouvement est important. Chaque geste est pesé, mesuré, effectué avec beaucoup de précaution. Enfin, la dernière partie, qui prendra place à l’intérieur de la salle de spectacle, présentera la quatrième variation de ma Fugue/Trampoline, qui est l’un des premiers numéros que j’ai créés.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans le fait de reexplorer certains numéros, d’en créer différentes versions ?
Y.B. : Dans mon travail, je ne connais pas d’autre cheminement que ce processus de création, qui se fait pas à pas, dans une forme d’approfondissement menant à la simplification plutôt qu’à la sophistication. J’essaie ainsi de me diriger vers l’essentiel. Pour moi, le point de suspension n’est pas une thématique, mais vraiment une recherche d’existence. Ce qui me fascine, c’est que ce point est inatteignable. Il ne peut pas se fixer. Le point de suspension, c’est une quête qui s’affine à l’infini. Une quête à travers laquelle je ne cherche pas l’immortalité, mais l’éternité de l’instant.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Théâtre de la Ville, Espace Pierre-Cardin, 1 avenue Gabriel, 75008 Paris. Du 6 au 15 juin 2017 à 20h30, relâche les 10 et 11 juin. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com