Mohamed Guellati revient sur les traces de son enfance en compagnie de Kader Attou. Mêlant le jeu et la danse, M et K croisent leurs mémoires et se retrouvent sur le chemin de leur identité.
Faire politiquement du théâtre n’est pas forcément faire du théâtre politique. Mohamed Guellati, dont le travail « mêle au divertissement théâtral un questionnement sur les rouages de notre société » et est « traversé par les questions du déracinement et de l’immigration », évoque cette fois-ci une part plus autobiographique de son parcours. Un enfant d’immigré, désigné socialement comme tel, se retrouve contraint à s’intégrer alors qu’il croyait n’être qu’un fils d’ouvrier comme les autres. Venu assister à la démolition d’un immeuble de la Sonacotra, M espère retrouver de vieilles connaissances. Mais il n’y a pas grand monde excepté un jeune homme, K. « Le temps d’une déflagration et le temps des éboulements, ils évoquent et tentent de faire coïncider leurs souvenirs. » K n’a pas tout à fait la même histoire que M mais ils ont en commun d’être nés de parents nés ailleurs et racontent comment ils se sont construits pour échapper à la dislocation autant qu’à l’assignation. Car avant de dynamiter les immeubles, la société française a bien souvent fait exploser les consciences à force de reléguer et de stigmatiser ses étranges étrangers : ce qui est à reconstruire est infiniment plus délicat que les immeubles et il y a fort à parier que des spectacles comme celui de Mohamed Guellati et Kader Attou participent de la refondation de cet indispensable projet.
Avignon Off. Mémoire de papillon, texte de Mohamed Guellati, chorégraphie de Kader Attou ; mise en scène de Mohamed Guellati et Kader Attou. Du 8 juillet au 27 juillet 2010 à 16h20 (relâche le 19 juillet). La Manufacture, 2, rue des Ecoles. Tél. : 04 90 85 12 71. Spectacle à la Patinoire, navettes depuis le théâtre.