Le Dragon, d’Evgueni Schwartz mis en scène par Thomas Jolly : un spectacle aussi brillant que terrible
Thomas Jolly dirige avec énergie et talent [...]
Marie Mahé présente sa mise en scène du texte de Dennis Kelly. Tout part d’un groupe de jeunes qui commet l’irréparable et qui tente de s’en sortir, en faisant du groupe un rempart. Un fait divers dont la metteuse en scène s’empare pour dévoiler les mécanismes de la vie collective.
Qu’avez-vous voulu mettre en avant du texte de Dennis Kelly ?
Marie Mahé : J’ai voulu mettre en avant la langue, cette écriture particulière, très ciselée, propre à Kelly. Il a la capacité de mettre en avant tous les comportements humains, les paradoxes, les hésitations et les quiproquos qui sont au service de cette histoire incroyable. Je suis persuadée que le texte se suffit à lui-même. Je cherche à montrer comment on devient ce que l’on est au sein d’un groupe où il y a un leader, des suiveurs, des gravitants…
Comment donnez-vous à voir cette langue précise, sur le plateau ?
M. M. : J’ai coupé le texte et réduit le nombre de personnages à cinq, car je voulais me concentrer non pas sur l’effet de groupe, mais plutôt sur les rapports humains et les personnalités. Je voulais mettre à vue cette expérience très intense d’êtres humains qui essaient de s’en sortir. Il y a un tapis blanc et, en fond de scène, le tableau La Création d’Adam de Michel-Ange car, avec ce spectacle, j’interroge aussi la foi. Je cherche à poser la question : à quoi croit-on si ce n’est pas en l’homme, si ce n’est pas en Dieu…
Qu’est-ce que le texte de Dennis Kelly et votre mise en scène disent de la société d’aujourd’hui en tant que groupe ?
M. M. : Cette pièce parle à tout le monde, je ne veux pas qu’elle se résume à un groupe de jeunes qui a fait une bêtise. On entre dans une sorte de voyeurisme de l’humain, je m’amuse à casser le quatrième mur du théâtre avec un groupe qui joue un groupe, devant un groupe assis qui malgré lui, fait partie de l’histoire. Il y a un retentissement évident. On peut se reconnaitre dans son travail, sa famille, mais aussi dans la société et ses dirigeants. Comment un chef d’État qui envoie des bombes sur un autre pays, est-il persuadé de prendre des bonnes décisions pour le bien du groupe ? Ce qui résume le spectacle, c’est cette phrase-là de Phil qui dit : « Qu’est-ce qui est le plus important ? Une seule personne ou bien tout le monde ? ». Et ça dit tout.
Entretien réalisé par Louise Chevillard
du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h30. Tel : 01 43 28 36 36. Durée : 1h15. ADN de Dennis Kelly dans la traduction de Philippe Le Moine est publiée par L’Arche éditeur – agence théâtrale.
Thomas Jolly dirige avec énergie et talent [...]