Requiem
Après Shitz en 2008, la metteure en scène [...]
Reprise de l’adaptation de la tragédie Shakespearienne par l’Atelier Hors Champ. Un carnaval mortifère et sanglant peuplé de fantômes.
Alors que le Théâtre du Soleil propose ses dernières représentations de Macbeth*, jusqu’au 1er mars, l’Atelier de Paris reprend Macbeth Kanaval, présenté dans les nefs du Soleil voici deux ans. Figure archétypale et assassine d’un Etat malade, où la violence se décuple et déborde de tous côtés, Macbeth met à mort le vieux roi Duncan, poussé par Lady Macbeth et l’aiguillon des prédictions des sorcières. Par cet acte irréparable, le noble général et l’époux comblé inaugure une série de meurtres arbitraires, qui les plongeront – lui autant que sa femme – dans les tourments de la culpabilité, la peur et la torture mentale. Imaginée à partir de la tragédie shakespearienne, cette fable sanglante et hallucinée concentre et précipite le récit à partir de fragments.
Autopsie d’un dérèglement
Le montage « fait apparaître les raccords analogiques et thématiques, creuse les leitmotivs primitifs qui structurent souterrainement le texte, soulève les images qui peuplent l’insomnie des corps et des voix ». Rejouant la macabre mascarade politique, les cinq acteurs sont hantés par les morts et d’effarantes visions. Réel et irréel se dédoublent et se confondent, et le matériau choral est porté par cinq acteurs et une partition sonore, « diffusant des extraits d’archives, les voix off des acteurs, et la mémoire des différentes versions cinématographiques et radiophoniques de Macbeth (Carmelo Bene, Kurosawa, Orson Welles, Apocalypse Now…). Inspirée par la dynamique du « Kanaval » haïtien, rituel convoquant figures archaïques et fantômes, personnages historiques et politiques, la pièce autopsie le dérèglement et nous prend à témoin.
Agnès Santi
*Lire notre critique n° 224
Tél : 01 417 417 10. Durée : 2h.
Après Shitz en 2008, la metteure en scène [...]