La nouvelle jeunesse de l’Orchestre de Lille
Evénement et émotion à Lille. Jean-Claude [...]
Classique / Opéra - Gros Plan / Musique contemporaine
Le compositeur italien est à l’affiche de l’Opéra Bastille où son nouvel opéra, Trompe-la-Mort, d’après Balzac, sera créé en mars.
Luca Francesconi (né en 1956) est entré sur la scène lyrique par la grande porte avec la création, en 2011, de Quartett d’après Heiner Müller (qui s’était lui-même appuyé sur les personnages – Merteuil et Valmont – des Liaisons dangereuses de Laclos). Une entrée fracassante avec une œuvre destinée, de l’aveu même du compositeur, à secouer les consciences. Par son propos, miroir cynique des relations humaines asséchées de leurs émotions, comme par sa forme (juste un duo vocal sur scène, orchestre et chœur métamorphosés par la profondeur que leur donne le traitement électronique), Quartett illustre l’ambition d’un compositeur qui a toujours cherché à « repousser les frontières » de ce que peut « dire » la musique. « On ne peut pas, dit-il, composer de la musique comme si c’était la chose la plus normale du monde ».
Invention minutieuse et intelligibilité du texte
S’il est un maître de l’orchestration, qu’il réinvente pour chaque projet (son concerto pour violoncelle Rest, composé en 2004, joue par exemple beaucoup sur l’effet de résonance entre le soliste et le pupitre de violoncelles de l’orchestre), c’est plus encore dans ses œuvres vocales que Luca Francesconi révèle la force de son écriture, en parvenant à équilibrer une invention minutieuse et la plus grande attention à l’intelligibilité du texte. Un exemple récent, outre Quartett, permet de s’en rendre compte : sa cantate Bread, Water and Salt créée l’an dernier à Rome et reprise à Paris en février dernier. Pour Trompe-la-Mort, l’opéra que lui a commandé l’Opéra de Paris, Luca Francesconi a écrit lui-même le livret en français, construit autour du personnage de Vautrin et d’autres figures de la Comédie humaine de Balzac. Ce n’est pas la première fois que le compositeur italien se laisse inspirer par la littérature française. En 1994, il avait trouvé dans la poésie de Baudelaire la matière d’une œuvre fascinante, Etymo, où la musique vient sculpter les mots. Mis en scène par Guy Cassiers Trompe-la-Mort sera dirigé par Susanna Mälkki, excellente interprète de la musique de Francesconi, qui était déjà de l’aventure de Quartett à la Scala.
Jean-Guillaume Lebrun
Les 16, 18, 25 et 30 mars à 20h30, dimanche 2 avril à 14h30, mercredi 5 avril à 19h30. Avant-première réservée aux jeunes (- de 28 ans) le lundi 13 mars à 20h30. Tél. : 08 92 89 90 90.
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